Guerre en Ukraine : " L’OTAN ne peut pas se permettre un nouvel échec sur l’adhésion de Kiev "

May 17, 2023
146 views

Dans l’histoire tortueuse des relations entre la Russie de Vladimir Poutine et les pays de l’Alliance atlantique, un épisode apparaît comme un moment-clé : le sommet de l’OTAN à Bucarest, du 2 au 4 avril 2008. Un point de l’ordre du jour, explosif, monopolise l’énergie des dirigeants réunis dans la capitale roumaine : l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie.

Au terme d’une bataille homérique entre George W. Bush, qui est pour, et Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui sont contre, un compromis boiteux est trouvé : les deux pays ont vocation à devenir membres de l’OTAN… un jour, que l’on se garde de préciser.

Quinze ans plus tard, le sujet revient sur la table d’un nouveau sommet, à Vilnius les 11 et 12 juillet, dans un contexte dramatiquement différent. Non seulement l’Ukraine et la Géorgie n’ont pas pu intégrer l’OTAN, mais toutes deux ont été envahies par la Russie. La guerre fait rage en Ukraine. Les protagonistes ont changé, sauf Vladimir Poutine, qui est toujours là.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Divergences occidentales sur une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

identifiez-vous S’inscrire gratuitement

Se connecter Vous possédez déjà un compte ?

Le fantôme de Bucarest plane sur le sommet de Vilnius. Inévitablement, la question hante les esprits dans cette région d’Europe : le président russe aurait-il osé envahir l’Ukraine si elle avait été membre de l’OTAN ? Kaja Kallas, la première ministre estonienne, n’hésite pas une seconde : « Conquérir l’Estonie aurait été bien plus facile que d’attaquer l’Ukraine, explique-t-elle dans un entretien au Monde. Si la Russie ne nous a pas attaqués, c’est parce que nous sommes dans l’OTAN. L’adhésion de l’Ukraine est la seule issue. »

Interrogée sur le même sujet le 12 mai, lors de la conférence Lennart Meri à Tallinn, en Estonie, sa collègue lituanienne, Ingrida Simonyte, n’a pas non plus l’ombre d’un doute : « Bucarest a été l’une des plus grandes erreurs de l’histoire de ce siècle », répond-elle. Hors de question de « répéter Bucarest » à Vilnius.

Pas de cadeau pour Bush

Quel est donc ce traumatisme de Bucarest ? En 2008, George W. Bush approche de la fin de son second mandat à la Maison Blanche. Sous son premier mandat, l’OTAN a déjà absorbé avec succès, en 2004, les trois Etats baltes, qui ont fait partie de l’Union soviétique. Les pays du défunt pacte de Varsovie ont aussi rejoint l’Alliance.

Pour Bush, l’intégration dans l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, deux ex-républiques soviétiques dont la population manifeste de fortes aspirations démocratiques, est une façon de finir en beauté en complétant son « Freedom agenda ». Pour cela, il faut que le sommet de Bucarest leur accorde le « MAP » (Membership Action Plan), statut créé en 1999 qui ouvre la procédure d’adhésion. Cette décision ne peut être prise qu’à l’unanimité des Etats membres.

Il vous reste 55.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde