Tirs à Villerupt : le suspect mis en examen pour tentatives d’assassinat et écroué
La scène des coups de feu à Villerupt, dans l’est de la France, le 14 mai 2023. SEBASTIEN BOZON / AFP
L’auteur présumé des coups de feu de Villerupt (Meurthe-et-Moselle) qui ont fait cinq blessés, dont trois graves, samedi a été mis en examen, mercredi 17 mai, notamment pour tentatives d’assassinat, et écroué, a annoncé le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste.
« Conformément aux réquisitions du parquet », cet homme de 38 ans connu de la justice a également été mis en examen pour « recel de vol, destruction par moyen dangereux et menace de mort matérialisée ». Il a été placé en détention provisoire, a précisé dans un communiqué le magistrat.
Samedi, en début de soirée, un homme encagoulé a ouvert le feu avant de prendre la fuite à bord d’un véhicule. Sur place, « vingt étuis de 9 millimètres » ont été retrouvés, « ce qui fait penser à un pistolet-mitrailleur », avait précisé lundi M. Capin-Dulhoste, sans donner davantage de précisions sur l’arme utilisée. « L’auteur se serait présenté à pied sur le lieu des faits, avant de faire feu et de prendre la fuite à bord d’un véhicule », avait-il ajouté. La mère d’un des jeunes, touché d’une balle dans la tête, a confirmé à l’Agence Fance-Presse que son fils allait mieux : « Ils vont le faire sortir du coma », a-t-elle précisé.
L’auteur présumé de l’attaque est un délinquant multirécidiviste au lourd passé judiciaire : depuis 2001, il a été condamné à trente reprises à des peines de prison ferme, et quatre fois à des peines mixtes (peine d’emprisonnement ferme et pour partie assortie d’un sursis probatoire), principalement pour des faits de vols et de violences, ainsi que pour des délits routiers, a ajouté le procureur. Il avait été libéré le 6 avril après avoir purgé deux peines de six et douze mois de prison pour refus d’obtempérer, violences aggravées et vol en récidive.
Patrouilles sur des points de deal
Mercredi, soixante-trois gendarmes sont arrivés dans la petite ville proche des frontières luxembourgeoise et belge pour prêter main-forte « jusqu’à la fin de la semaine » aux agents locaux, a annoncé sur place le préfet de Meurthe-et-Moselle, Arnaud Cochet.
Ils vont patrouiller dans Villerupt, notamment sur des points de deal, ainsi que dans « des communes voisines sur lesquelles on peut avoir des phénomènes similaires », a-t-il ajouté. Ces renforts s’ajoutent à ceux annoncés la semaine dernière, avec l’arrivée espérée en septembre dans le secteur de Longwy-Villerupt de onze policiers, a poursuivi M. Cochet. Il a également évoqué la présentation prochaine d’un « plan d’action » afin d’assurer « à l’année un continuum de sécurité sur le territoire ».
« Je n’ai jamais vu autant de police à Villerupt : ça patrouille à tout va depuis le drame. Mais quand ils seront tous partis qu’est-ce qui va se passer ?, s’interroge le maire, Pierrick Spizak. C’est bien qu’il y ait une réponse à l’instant T, ça va rassurer les gens. Mais nous, ce qu’on veut, c’est que ces renforts restent dans le temps ! » Les élus locaux ont affirmé avoir demandé de longue date des effectifs de police et de gendarmerie supplémentaires pour faire face au développement du trafic de stupéfiants, favorisé par la proximité immédiate de la Belgique et du Luxembourg.
« Une histoire d’humiliation »
Sur place, une escalade de la violence entre bandes rivales avait fait l’objet de plusieurs signalements récents par les autorités. L’attaque pourrait avoir été conduite en représailles à l’humiliation récente d’un membre de la fratrie du suspect, filmée et diffusée sur des réseaux sociaux, selon une source proche du dossier.
« C’est une histoire d’humiliation et de vengeance, a repris M. Spizak. Pas un citoyen de Villerupt n’est surpris de ce qui s’est passé. J’ai prévenu les autorités que ça allait péter, ça aurait pu être évité. Ce n’est pas à moi d’assumer des choses pour lesquelles j’ai tiré la sonnette d’alarme. C’est l’Etat qui est responsable. » Une habitante de l’immeuble où se sont passés les faits rappelle qu’une « pétition a été signée il y a plusieurs mois par tout le bâtiment, pour demander à ce que les trafics cessent en bas de l’immeuble ».
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde