" Un pack de lait, c’est presque inaccessible " : avec l’inflation, la précarité alimentaire s’accentue

May 17, 2023
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« Parfois, je regarde mon panier et je me demande ce que je vais devoir enlever avant de passer à la caisse ». Lucas, 23 ans, a vu le prix des aliments augmenter et le contenu de son sac à provisions diminuer depuis le début de ses études en 2019. Avant, « je m’achetais régulièrement de la viande », se souvient l’étudiant en communication toulousain. Une dépense qu’il a aujourd’hui dû faire sauter, faute de moyens.

Et sa situation est loin d’être isolée. Dans une étude publiée ce mercredi, le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) pointe du doigt une « hausse de la précarité alimentaire » importante dans la population française. La part des personnes déclarant « ne pas manger assez » était de 16 % en novembre 2022, contre 12 % en juillet 2022 et 9 % en 2016. Et ce sont les moins de 40 ans qui se retrouvent « le plus souvent en insuffisance alimentaire quantitative » (24 %).

Exit la viande et le fromage

Mathieu*, étudiant en chimie à Amiens, lui aussi âgé de 23 ans, raconte prendre de temps en temps son petit-déjeuner dans une épicerie solidaire de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes). Sinon, « on est beaucoup à le louper, certains par choix, d’autres stratégiquement », afin d’éviter une dépense supplémentaire.

En cause, la crise du Covid-19 suivie par l’inflation, qui a été mesurée à près de 15 % sur un an en avril. Et ce, alors que plusieurs postes de dépense ont augmenté pour les Français, notamment l’énergie. « Un pack de lait, c’est presque inaccessible », se désole Mathieu, sans parler du fromage, du beurre, de la viande et même des fruits qui atteignent des « prix exorbitants » pour son portefeuille.

Les Restos du Cœur indiquent ainsi qu’entre le mois de mars 2022 et mars 2023, le nombre de personnes accueillies a bondi de 22 %. Une hausse sans précédent, qualifiée « d’alarmante » par l’association, avec une part grandissante de bénéficiaires parmi les moins de 25 ans ces dernières années.

Précarité et anxiété

Lucas souligne également l’impact psychique de cette précarité, expliquant avoir vécu « une période d’anxiété en début d’année » et faire des calculs permanents pour savoir ce qu’il peut ou non s’acheter. Le jeune homme complète ses courses via une antenne de l’association Linkee, qui vient en aide aux étudiants. « C’est un stress en moins, cela aide beaucoup », assure-t-il.

Pour pallier la situation actuelle, Emmanuel Macron a déclaré lundi que le « trimestre anti-inflation » dans les supermarchés, mis en place par le gouvernement, « pourra être » prolongé « si c’est nécessaire » au-delà du 15 juin. Le président de la République a également dit espérer que l’inflation sur les produits alimentaires soit « absorbée (…) d’ici à l’automne ».

Source: Le Parisien