CARTES. Il y a moins de cambriolages depuis le Covid, mais pas partout : le point par commune

May 17, 2023
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L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI, dépendant du ministère de l’Intérieur) ont publié mardi 16 mai 2023 treize études sur les cambriolages enregistrés en 2022 en France par les services de police et de gendarmerie.

Cette série de documents présente des situations régionales et des analyses au niveau national, permettant de dégager de nombreuses observations. L’étude est en particulier accompagnée, pour la première fois, de données infralocales : elle permet de voir au sein d’agglomération quelles sont les zones privilégiées par les cambrioleurs.

L’Insee et le SSMSI relèvent tout d’abord que 211 400 cambriolages de logements ont été enregistrés en 2022. C’est un chiffre en augmentation par rapport à 2020 et 2021, années marquées par une nette baisse des cambriolages en raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19.

Cependant, 2022 demeure en dessous des niveaux constatés avant la pandémie :

Des différences régionales

211 400 cambriolages, cela représente en moyenne 5,8 faits pour 1 000 logements. Mais leur répartition sur le territoire est loin d’être homogène. Dans le sud du Massif central (Aveyron, Cantal, Lozère) et en Corse, on compte moins de 2 cambriolages pour 1 000 logements.

Le taux monte à plus de 11 cambriolages pour 1 000 logements dans les Bouches-du-Rhône et en Guyane.

Voici le détail du nombre de cambriolages pour 1 000 logements par aire d’attraction des villes (zone comprenant une ville et les communes dans sa sphère d’influence) :

Retrouvez dans le moteur de recherche ci-dessous le détail par commune, y compris celles qui ne font pas partie d’une aire d’attraction :

Quelles communes sont plus souvent ciblées ?

L’Insee et le SSMSI ont également analysé la répartition géographique des cambriolages sur les sept dernières années, et constatent qu’elle n’est pas uniforme sur le territoire..

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Le taux de cambriolages est plus élevé dans les communes plus densément peuplées, puis dans celles où les niveaux de vie sont les plus élevés. L’étude relève également que les cambriolages sont plus fréquents dans les intercommunalités où les inégalités sociales sont plus marquées.

Le nombre de cambriolages sera donc plus important dans les communes urbaines, aisées et voisines de communes moins favorisées.

D’autres facteurs jouent également pour qu’une commune soit davantage ciblée. Les cambrioleurs vont s’intéresser aux communes où le nombre de maisons individuelles est élevé par rapport aux autres types de logements, ainsi qu’à celles où les résidences secondaires sont nombreuses.

L’emplacement est également un critère : il y aura plus de faits constatés sur le littoral et en dehors des zones montagneuses, et dans les communes accessibles par une route nationale.

Pour la première fois, un outil cartographique est mis à disposition pour observer le taux de cambriolage à l’intérieur des aires d’attraction des villes, au niveau infracommunal. Pour plusieurs agglomérations, on peut ainsi constater les différences entre quartiers ou communes voisines.

Une baisse nationale, mais une hausse à l’Ouest

Si le nombre de cambriolages est globalement en baisse sur la période, cette tendance n’est pas uniforme sur le territoire. En effet, la Guadeloupe, la Corse et l’Occitanie connaissent de fortes diminutions (respectivement -61 %, -45 % et – 34 %). Le quart sud-est du pays enregistre lui aussi une baisse mais plus modérée.

À l’inverse, la tendance est à la hausse pour l’Ouest. Les cambriolages ont augmenté de 18 % en Bretagne (avec + 52 % en Ille-et-Vilaine, soit 952 faits de plus) et de 10 % en Pays de la Loire.

À Paris, la hausse est de 27 % entre 2016 et 2022.

Voici la tendance entre 2016 et 2022 par département (évolution en % et variation absolue en nombre de faits) :

Le télétravail fait-il baisser les cambriolages ?

La courbe en début d’article montre qu’en 2020 et 2021, le nombre de cambriolages a nettement baissé. Les restrictions liées à la crise sanitaire ont bouleversé les habitudes, et compliqué la tâche des cambrioleurs : confinement, limitation de déplacements, écoles fermées (et donc élèves à la maison !), recours massif au télétravail…

Sur ce dernier point, on pourrait imaginer que l’essor du télétravail depuis le Covid-19 a eu un effet durable sur la diminution du nombre de cambriolages. Pour l’Insee et le SSMSI, cette explication ne semble pas suffisante.

On observe en effet une hausse plus marquée des faits enregistrés en 2022 dans les communes dont les revenus médians sont les plus élevés, c’est-à-dire celles où résident plus de cadres. Or, cette catégorie professionnelle a plus souvent recours au télétravail.

Source: Ouest-France