Nanobiotix : Exprimant des doutes sur son avenir, Nanobiotix plonge en Bourse
(BFM Bourse) - La biotech tricolore traverse une passe difficile. Nanobiotix a vu ses pertes se gonfler sur l'exercice 2022 tandis que sa consommation de trésorerie explose. La société émet des doutes sur sa capacité à assurer une continuité de l’exploitation compte tenu de sa situation financière.
La baisse du jour est loin d'être microscopique pour Nanobiotix. Le pionnier français de la nano-médecine chute de près de 30% dans le sillage d'une publication annuelle décevante. Le discours de la direction sur l'avenir de Nanobiotix soulève également quelques inquiétudes.
La biotech française qui a pour spécialité de s'appuyer sur les propriétés physiques des nanoparticules pour améliorer l'efficacité des radiothérapies, n'a comptabilisé aucun chiffre d'affaires et a vu ses dépenses en recherche et développement augmenter à 32,6 millions d'euros en 2022. Le groupe a donc accru ses pertes l'an dernier. Elles se montent à 57 millions d'euros contre un résultat net déjà négatif à hauteur de 47 millions d'euros en 2021.
La société indique qu'elle devra engager d'importantes dépenses pour financer le développement et la fabrication de produits candidats nanotechnologiques tels que son produit phare, NBTXR3 [une injection de nanoparticules dans la tumeur permettant de concentrer localement l'effet des rayons-X, NDLR], ainsi que la réalisation d'études cliniques.
La société (qui a déjà obtenu une autorisation de mise sur le marché dans le sarcome des tissus mous, mais a choisi de ne pas encore commercialiser le produit) mène en effet des essais dans différents cancers, en se concentrant actuellement sur une forme particulièrement grave, le cancer de la tête et du cou, où le besoin thérapeutique est extrêmement important.
La société n'exclut pas de rencontrer des difficultés imprévues, des complications, des retards de développement et d'autres facteurs inconnus qui nécessiteraient de mettre davantage la main à la poche. Et donc de comptabiliser des pertes importantes à court terme, ajoute-t-elle.
"Un doute matériel" sur la continuité d'exploitation
Pour piloter ses essais, Nanobiotix n'a pas les coudées franches. L'emprunt souscrit auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI) en 2018 comprend une obligation de maintenir une position minimale de trésorerie et d'équivalents de trésorerie à hauteur du montant du principal du prêt (qui prévoyait un maximum de 40 millions d'euros). Ce corset imposé par ce créancier limite d'autant la disponibilité des ressources de trésorerie pour répondre aux besoins opérationnels de Nanobiotix.
Au 31 décembre 2022, la biotech française disposait de 41,4 millions d’euros de trésorerie, d’équivalents de trésorerie et d’investissements, contre 83,9 millions d’euros au 31 décembre 2021. Soit une division par deux de ce montant. La société estime que sa trésorerie et équivalents de trésorerie lui permettront de financer ses opérations jusqu'au troisième trimestre 2023.
Nanobiotix a néanmoins obtenu un peu de souplesse de la BEI, qui a abaissé de 15 millions d'euros le minimum de trésorerie exigé jusqu'à fin juillet. Un geste qui sera prolongé jusqu'à fin janvier 2024, si la société signe d'ici fin juillet un partenariat de développement et commercial.
La situation est donc compliquée pour Nanobiotix qui indique chercher activement des financements supplémentaires par le biais d’un ou plusieurs nouveaux partenariats, "alliances collaboratives ou stratégiques possibles". Dans ces conditions, la société n'exclut plus d'utiliser son equity line [ligne de financement en fonds propres, NDLR] signée avec Kepler Cheuvreux ou à chercher de l'argent frais sur les marchés financiers. "Cependant, la société ne peut garantir si ou quand de telles opérations auront lieu ou si elles se feront à des conditions satisfaisantes" signale Nanobiotix.
Dans ce contexte, la société exprime l'existence "un doute matériel" quant à sa capacité à assurer la continuité d'exploitation, en l'absence de la certitude de l'obtention des ressources eu égard aux besoins de trésorerie futurs.
Prévue le 28 mars dernier, la société avait décalé la publication de ses résultats annuels, expliquant avoir besoin de temps supplémentaire pour finaliser ses procédures de clôture d'exercice. La teneur du communiqué du jour explique donc ce report.
Depuis un pic de 17 euros touché en janvier 2021 inscrit à la suite d'une série de bonnes nouvelles (démonstration de l'effet boostant les traitements immuno-oncologiques, entrée au Nasdaq) la société a vu valorisation fondre de près de 85%.
Sabrina Sadgui - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse
