une vente aux enchères de biens saisis aux trafiquants de drogue récolte près de 1,3 million d'euros
Près de 300 biens saisis par l'institution dans des affaires de trafic de drogue étaient mis aux enchères, mardi, dans l'ancien palais de justice de Paris. Les curieux et les collectionneurs sont venus nombreux, pour admirer voire s’offrir un de ces objets.
Deux Lamborghini, des scooters et de la maroquinerie de luxe. Une vente aux enchères exceptionnelle s'est tenue, mardi 25 avril, dans l'ancien palais de justice de Paris avec près de 300 biens saisis par l'institution dans des affaires de trafic de drogue. Les enchères s'emballent pour les montres et qu’importe si elles ont appartenu à des trafiquants. Pierre, qui vit à Dubaï, vient de gagner sa Rolex pour 13 000 euros. "Celle-là, c'était pour moi parce que c'est exactement le modèle que je voulais avec un cadran bleu, détaille Pierre. Ça monte très vite car il y a énormément de demandes. Quand vous allez en magasin il y a parfois jusqu'à trois ans d'attente. Tant mieux que ce soit revendu par les stups au public."
En tout, 277 biens de luxe saisis par la justice étaient mis aux enchères à Paris dans l'ancien Palais de justice, le 25 avril 2023. (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)
Samuel aussi rêvait d’une Rolex - trop chère - alors il tente de trouver chaussure à son pied : "La jolie paire de montantes est en 42, ce sont des Louis Vuitton", décrit ce parisien, passionné de luxe. Ces yeux brillent devant toutes ces sacs et vestes de grandes marques. "Je trouve que ce n'est pas plus mal qu'on récupère l'argent parce que, c'est un secret pour personne, le blanchiment d'argent, notamment issu du trafic de drogue, se fait souvent dans l'achat de produits de luxe, explique Samuel. Cela permet d'en récupérer une partie."
"Il y a aussi un aspect écologique puisqu'au moins cela permet de recycler des produits plutôt que d'aller les brûler comme à une certaine époque où on pouvait détruire la marchandise issue de trafic de drogue." Samuel, parisien à franceinfo
Il s'agit d'une bonne idée, abondent Espérance et Patrick. Ces deux amis retraités, curieux, ont cependant quelques limites. "Je ne mettrai pas mes pieds dans des chaussures d'un trafiquant de drogue mais le reste oui, admet Patrick. Je pense que c'est une bonne initiative. Et puis, c'est aussi peut-être un exemple dissuasif pour ceux qui continuent à dealer et qui peuvent se dire que demain ils vont se retrouver à poil." "Ce qui m'intéresse, c'est surtout que l'argent puisse être reversé pour des aides", salue de son côté Espérance.
Espérance et Patrick, deux amis retraités, sont venus cette vente aux enchères exceptionnelle en curieux, à Paris le 25 avril 2023. (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)
Des fonds pour lutter contre le trafic de drogue
L’argent de la vente servira en effet - pour partie - à des actions de prévention, contre la drogue et les addictologies. Le montant principal sera redistribué aux services d’enquête. Des fonds nécessaires selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) qui gère ces sommes. "On en a besoin parce qu'on a, dans la police, la gendarmerie et la douane, des matériels de plus en plus en pointe qui coûtent cher", note Nicolas Prisse, président de la Mildeca. Du matériel de détection et de surveillance notamment, qui fait appel à des nouvelles technologies. Il faut suivre l'inventivité aussi des trafiquants."
"Aujourd'hui, on tourne sur un fonds de concours qui est entre 40 et 50 millions d'euros par an et qui permet d'équiper les forces de l'ordre, les magistrats, et en plus de conduire des actions de prévention." Nicolas Prisse, président de la Mildeca à franceinfo
La mission interministérielle de lutte contre la drogue a récolté 1,28 million pour les 277 biens mis en vente mardi à Paris. C’est plus qu’espéré ! D’autres ventes aux enchères se tiennent tout au long de l’année, toujours avec des biens saisis par la justice.
Source: franceinfo