Taïwan souhaite un engagement accru de l’Union européenne
Un avion de chasse Mirage 2000 de l’armée de l’air taïwanaise sur la base aérienne de Hsinchu, à Taïwan, le 9 avril 2023. JAMESON WU / AFP
Peut mieux faire. Depuis deux semaines, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, Josep Borrell, ne cessent de rappeler que l’Europe défend le maintien de la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et est opposée à tout changement unilatéral du statu quo sur le principe d’une seule Chine. Pourtant, sur place, les autorités attendent davantage.
Diplomatie, économie, sécurité : Taïwan aimerait pousser la coopération bilatérale avec les Vingt-Sept. Tant pour s’affirmer sur la scène internationale que pour être moins dépendant des Etats-Unis. Mais, vue de Taipei, « l’Union européenne envoie des signaux contradictoires », regrette un haut diplomate taïwanais. Une référence implicite aux récents propos d’Emmanuel Macron : « Je ne suis ni Taïwan ni les Etats-Unis d’Amérique. En bon stoïcien, je ne peux m’occuper que de ce qui dépend de moi », avait déclaré le chef de l’Etat, début avril, lors de son déplacement en Chine.
Certes, seize pays européens ont un « bureau » à Taipei, mais, faute de relations diplomatiques formelles, les échanges restent le plus souvent officieux ou limités à des hauts fonctionnaires. A ses visiteurs, le Bureau européen pour l’économie et le commerce offre en cadeau un petit sac sur lequel est simplement inscrit « EU in Taiwan ». « On n’a pas osé écrire “Bureau” », reconnaît un diplomate. Tout un symbole.
Bonnes relations économiques
Six membres du gouvernement des Etats-Unis se sont rendus sur l’île ces dernières années, mais un seul ministre européen a fait le déplacement depuis le début du XXIe siècle : la ministre de l’éducation allemande, Bettina Stark-Watzinger (Parti libéral-démocrate), en mars, déplorent les Taïwanais. Contrairement à Washington, les pays européens se contentent d’envoyer des délégations parlementaires. « Bien sûr que Pékin, au début, protesterait, mais, plus ces visites se banaliseraient, moins la Chine réagirait », affirme un haut fonctionnaire taïwanais.
Les relations commerciales bilatérales, elles, sont importantes. L’UE est le quatrième partenaire économique de l’île mais y est le premier investisseur, loin devant les Etats-Unis et le Japon. Même si rien n’est encore officiel, le géant taïwanais des microprocesseurs TSMC devrait annoncer prochainement un important investissement en Allemagne, et ProLogium, le fabricant de batteries pour véhicules électriques, devrait, lui, construire une usine en France.
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Source: Le Monde