Festival de Cannes 2023 : Sean Penn et Tye Sheridan en ambulanciers new-yorkais dans "Black Flies", film sombre mais empesé
Première sélection en compétition du réalisateur français Jean-Baptiste Sauvaire, c’est sous bannière américaine qu’il présente "Black Flies".
Adapté du roman 911 de Shannon Burke, inspiré de son expérience d’ambulancier new-yorkais, Black Flies offre une première sélection en compétition au réalisateur français Jean-Baptiste Sauvaire, mais sous la nationalité américaine. Le cinéaste était déjà passé par Cannes en 2008, où il avait été lauréat du Prix de l'espoir à Un certain regard avec Johnny Mad Dog. Il est servi dans Black Flies par le beau duo d’acteurs composé de Sean Penn et Tye Sheridan.
Ouverture chaotique
Olie Cross (Tye Sheridan) débarque comme novice aux urgences d’un grand hôpital new-yorkais. Il devient le partenaire d’un urgentiste endurci, Gene Rutkovsky (Sean Penn), avec lequel il se confronte à des situations de violences extrêmes. Alternant les victimes de gun fights entre gangs, les alcooliques et toxicos à la dérive, les suicides sordides et autres violences faites aux femmes, Cross remet en cause ses convictions sur sa mission et sur sa vie.
Black Flies s’ouvre sur une séquence nocturne remarquable, où intervient un staff d’ambulanciers new-yorkais envoyé sur une scène de crime en pleine rue à l’issue d’échanges de tirs entre gangs rivaux. La bande son saturée de sirènes, la descente des brancards dans le stress général, les hurlements, sur fond de montée en puissance de l’ouverture du Ring de Wagner, sur un montage chaotique qui galvanise les lumières électriques, prend aux tripes. Cette maestria technique ne quittera plus film.
Surcharge pondérale
En une séquence, Jean-Baptiste Sauvaire gagne des galons de grand metteur en scène. Il retrouvera de loin en loin cette dextérité dans son art de filmer la rue et les tensions entre des personnages projetés dans des situations extrêmes. Malheureusement, les éloges s’arrêtent là, face à un scénario qui surcharge les affects. Même si les scènes émanent du roman autobiographique de Shannon Burke, leur enchaînement dans le film engendre une redondance qui alourdit la dramaturgie. Les origines de la vocation de Cross sont également pesantes et la résolution du film, après trois fins successives pour arriver à une note positive dans un film des plus noirs, n’arrange rien.
Jean-Baptiste Sauvaire montre bien le lien initiatique qui unit Rutkovsky et Cross, mais c’est la confrontation de ce dernier avec le second ambulancier, cynique, provocateur et violent qu’interprète un Michael Pitt halluciné, qui domine. Les rapports entre Cross et sa maîtresse sans lendemain Nancy (Katherine Waterson) manquent également de teneur. Au final, Black Flies vaut plus pour ses qualités techniques que pour son pouvoir émotionnel.
La fiche
Genre : Thriller / Drame
Réalisateur : Jean-Baptiste Sauvaire
Acteurs : Sean Penn, Tye Sheridan, Katherine Waterston, Michael Pitt, Mike Tyson
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h00
Sortie : prochainement
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Source: franceinfo