A Paris, l’hommage entravé à l’idéologue d’extrême droite Dominique Venner
Un policier bloque l'accès à Notre-Dame après le suicide de Dominique Venner, figure de l'extrême droite, à Paris, le 21 mai 2013. LP / PHILIPPE DE POULPIQUET / PHOTOPQR/LE PARISIEN
Il n’y a pas d’âge pour procéder à sa première dispersion. Jean-Yves Le Gallou, 74 ans, l’un des théoriciens de l’extrême droite passé par le Front national et plus récemment par Reconquête !, s’y prête à contrecœur, dimanche 21 mai devant le Pavillon Wagram (17e arrondissement de Paris). La veille, suivant les consignes du ministère de l’intérieur concernant les rassemblements d’extrême droite, le préfet de police a interdit le colloque organisé en mémoire de Dominique Venner, figure tutélaire des identitaires et défenseur de thèses racialistes, dix ans après son suicide dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
A 14 h 56, suivant la consigne policière, Jean-Yves Le Gallou s’adresse à la trentaine de personnes qui peste sur un bout de trottoir contre « la fin de la liberté d’expression » : « Dans la mesure où il y a ici les flics de la pensée, en l’occurrence [les journalistes de l’émission] “Quotidien”, je vous invite à vous disperser dans les bistrots à côté. Et méfiez-vous de ces types-là ! »
Dans la petite troupe, un homme est chargé de prendre en photos les journalistes présents. Récent invité d’un colloque du Rassemblement national au Parlement européen, l’organisateur de la réunion, Claude Chollet, secrétaire général de l’Institut Iliade, dirige également un site Internet consacré à la surveillance des journalistes. Son référé-liberté devant le tribunal administratif de Paris, rédigé à la hâte la veille au soir, est resté sans réponse avant l’heure prévue du colloque. Il y contestait « la très grande atteinte que cet arrêté porte à la liberté de réunion et la liberté d’expression ».
Le préfet, Laurent Nuñez, a notamment justifié l’interdiction par la condamnation passée de Dominique Venner – lorsqu’il s’activait au sein de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) – ainsi que l’appel à la révolte contenu dans sa lettre d’adieu : « Je me donne la mort pour réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre le crime visant au remplacement de la population. » Le risque que soient tenus des propos incitant à la haine et à la discrimination ethnique ou raciale est également avancé. Dominique Venner s’inquiétait d’une disparition de « l’identité européenne » qu’il définissait comme strictement blanche.
Appel au « réveil des Européens »
« Aucun des intervenants prévus n’a jamais été condamné pour ces raisons, relève Jean-Yves Le Gallou. M. Darmanin présume de la culpabilité possible des gens a priori ; c’est une substitution du juge pénal par le tribunal administratif. » Conclusion : « C’est la Corée du Nord. » Le week-end précédent, la préfecture de police avait interdit six rassemblements. Un colloque et une manifestation organisés par l’Action française avaient finalement pu avoir lieu, après avoir obtenu l’aval de la justice administrative.
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Source: Le Monde