La mort de Bernard Pignerol, conseiller d’Etat et fidèle de Jean-Luc Mélenchon

May 22, 2023
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Bernard Pignerol, à Bobigny, le 19 septembre 2019. AURELIEN MORISSARD / IP3 PRESS/MAXPPP

Conseiller d’Etat, cofondateur de SOS Racisme, Bernard Pignerol est mort d’un cancer dimanche 21 mai au matin, à l’âge de 64 ans. Fidèle de Jean-Luc Mélenchon, il a mené, dans l’ombre, une carrière embrassant les grandes recompositions politiques de la gauche française.

Né en 1958 dans une famille bourgeoise, son enfance et son adolescence sont émaillées de séjours en pensions qui le rendront bilingue en allemand et champion de ski. Il entre en politique dans les années 1980, en militant à l’UNEF-Renouveau, branche communiste de l’organisation étudiante.

Sans jamais adhérer à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) , il se lie avec une petite bande qui en vient, composée notamment de Laurence Rossignol, Julien Dray, Harlem Désir. Ces derniers s’apprêtent à rejoindre le Parti socialiste puis à fonder avec lui SOS Racisme, en 1984. Il arrive ainsi à la gauche socialiste, ce courant du PS dont Jean-Luc Mélenchon fera un creuset au moment de s’autonomiser du parti.

« Un collaborateur hors pair »

Franc-maçon, homme de réseaux, il était celui que l’on sollicite pour ouvrir des portes. « La franc-maçonnerie, par les amitiés qu’il y nouait, lui ouvrait des réseaux larges, divers, pas monolithiques politiquement », relève Marie-Noëlle Lienemann, qui le côtoyait depuis la gauche socialiste. En 1996, il entre à l’ENA, dans la promotion Valmy, la même que Bruno Le Maire. Et obtient par là une liberté – ou était-ce de la prudence ? – qui ne le quittera plus à l’égard de la politique. Un pied dans la haute administration, un autre dans les partis, au PS puis à La France insoumise (LFI), il cultive cette différence.

Jamais élu ni officiellement candidat, il sera marqué par deux passages en cabinet. Le premier entre 2000 et 2002, comme conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l’enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin. Le second à partir de 2007, quand il entre pour sept ans au cabinet de Bertrand Delanoë, maire de Paris, comme conseiller aux relations internationales. L’ancien maire se souvient d’« un collaborateur hors pair », qui « adorait » par ailleurs être conseiller d’Etat. Les deux hommes sont devenus très proches.

En 2008, alors que Jean-Luc Mélenchon prépare son départ du PS, Bertrand Delanoë fait de la place au conseiller d’Etat sur sa motion. Bernard Pignerol devient président de la commission des conflits du PS. Il ne ralliera officiellement Jean-Luc Mélenchon qu’en 2016, à temps pour participer à la campagne présidentielle de 2017. Comme en 2022, il se charge de créer des liens entre la haute fonction publique et le candidat. En 2017, il organise le parachutage de M. Mélenchon à Marseille pour les élections législatives.

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Source: Le Monde