A 25 ans, la Banque centrale européenne célèbre une monnaie unique " irréversible "

May 24, 2023
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La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avec deux de ses prédécesseurs, Jean-Claude Trichet (à gauche) et Mario Draghi (au centre) réunis autour du gâteau d’anniversaire célébrant les 25 ans de l’institution monétaire, à Francfort, le 24 mai 2023 KAI PFAFFENBACH / AP

Comment mieux résumer l’étrange relation des Français avec la Banque centrale européenne (BCE) ? Pour le 25e anniversaire de l’institution monétaire, célébré en grande pompe mercredi 24 mai, le chancelier allemand Olaf Scholz et son ministre de l’économie Christian Lindner avaient fait le déplacement. Les « trois présidents » européens (de la Commission, du Conseil et du Parlement) étaient présents. L’Espagne était représentée par son vice-premier ministre, la Belgique de même, la Slovaquie par son chef de gouvernement, Chypre par son président, l’Italie et l’Autriche par leur ministre de l’économie…

Et la France ? Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, n’est pas venu. Son ministre de l’économie, Bruno Lemaire, non plus. Une semaine avant l’événement, le nom d’aucun membre du gouvernement français n’était confirmé pour assister à l’événement.

Finalement, c’est Laurence Boone, la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, qui a été dépêchée pour éviter que la représentation tricolore ne se résume à un diplomate ou à un haut fonctionnaire. Certes, cette économiste de renom fréquente les couloirs du pouvoir de longue date, mais elle n’est entrée en politique qu’en juillet 2022, quand elle a pris son poste actuel au gouvernement.

Bien sûr, le siège de la BCE se situe à Francfort, ce qui explique partiellement la forte présence allemande. « Nous sommes fiers d’être [son] pays hôte », n’a pas manqué de souligner Olaf Scholz. Mais la ville est de fait équidistante entre Paris et Berlin. Et le chancelier a rappelé qu’il s’était déjà rendu au siège de l’institution peu après son arrivée à la tête du gouvernement, « parce qu’elle est au cœur de notre monnaie, qui est l’un des projets européens qui a connu le plus grand succès ».

Eloge de Draghi et de son « whatever it takes »

Toute la soirée, dans l’immense hall d’entrée de la tour de la BCE, se tenait un grand dîner de gala recevant quelque deux cents invités pour célébrer ce quart de siècle – l’institution monétaire a été fondée le 1er juin 1998, tandis que les billets et les pièces d’euros ont été introduits le 1er janvier 2002.

La Française Christine Lagarde, sa présidente, qui excelle dans ce genre d’exercice, recevait notamment ses deux prédécesseurs, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi (le premier président de l’institution, Wim Duisenberg, est décédé en 2005).

Tous insistaient sur ce qui paraît aujourd’hui comme une évidence : la monnaie unique a non seulement survécu, mais elle n’est plus guère contestée. « Nous avons maintenant atteint une position où les gens séparent les institutions de leurs politiques, ce qui est la preuve du succès : ils peuvent aimer ou pas les politiques de la BCE, mais ils ne se demandent plus si être dans l’euro était le bon choix », souligne Christine Lagarde. La BCE peut être accusée d’avoir laissé filer l’inflation, ou au contraire d’augmenter trop fortement les taux d’intérêt, au risque d’étouffer la croissance, mais son existence même n’est pas remise en cause. L’euro est « irréversible », ont souligné Christine Lagarde et Olaf Scholz, utilisant le même mot.

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Source: Le Monde