Près de Rennes, des familles délogées pour faire de la place aux sans-abri de Paris [Exclusif]
L’arrivée prochaine en Bretagne de plusieurs dizaines de sans-abri venus de région parisienne crée déjà des remous. En septembre prochain, un centre d’hébergement temporaire doit ouvrir à Bruz pour accompagner administrativement et rediriger ces populations dans le besoin dans toute la région. L’objectif du gouvernement étant de désengorger les centres d’hébergements de la capitale. D’autant plus que les Jeux Olympiques se profilent à l’horizon.
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Mis devant le fait accompli, les élus de Bruz sont fermement opposés au projet « en l’état ». Ils pointent du doigt le choix d’un « terrain pollué » et des « conditions indignes » pour accueillir des familles. En attendant la suite de cette affaire, le dispositif doit démarrer d’ici à quelques jours à Montgermont. Un ancien hôtel de la commune a été choisi pour faire office de lieu transitoire et accueillir les premiers arrivants d’Île-de-France.
Évacuation
Le hic, c’est que l’endroit hébergeait déjà depuis plusieurs mois de nombreuses familles migrantes venues d’Afrique et d’Europe de l’Est qui avaient été placées ici par le 115. Et selon nos informations, l‘opérateur d’insertion SIAO qui accompagnait ces personnes a été sommé de reloger toutes ces familles - alors même que l’ensemble des structures sont saturées dans la région rennaise.
Des solutions dans d’autres hôtels du département ont finalement pu être trouvées pour certains ménages. Parmi eux : des familles avec enfants, des ménages PMR, des femmes victimes de violences et même une femme en emploi. Pour les autres, l’État a sollicité une « solidarité régionale » en demandant des places dans des structures situées dans le Morbihan, le Finistère et les Côtes-d’Armor.
Chaises musicales
Mardi 16 mai, la police s’est rendue à Montgermont pour évacuer l’hôtel. Les dernières familles présentes sur place ont été transportées par la Protection Civile vers leur nouvelle destination - parfois dans un autre département. Un cas interpelle tout particulièrement : celui d’une jeune fille de 14 ans, scolarisée au collège Rosa Parks, qui a été envoyée à Brest avec sa famille. En classe de 3e, elle doit passer le brevet cette année.
« Cette méthode est scandaleuse et tout cela se fait dans la précipitation » indique une bénévole. « On a des migrants rennais qui n’ont pas d’hébergement aujourd’hui et on fait de la place pour accueillir des Parisiens ». « C’est un peu déshabiller Pierre pour habiller Paul », nous confie un proche du dossier. « On joue clairement aux chaises musicales tant que de nouvelles places ne sont pas créées ».
Du côté de la Préfecture, on précise que pour le moment « aucune enveloppe n’a été dédiée » pour la création de places supplémentaires en hébergement d’urgence ou en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Selon Aurore, l’opérateur social qui se charge du projet de sas en Bretagne, un premier bus de sans-abri venus de région parisienne devrait arriver entre fin mai et début juin.
Source: Le Télégramme