Saint-Brevin : Plusieurs milliers de personnes pour " soutenir Yannick Morez, et donc soutenir la République "
A Saint-Brevin-les-Pins,
Il n’y a sûrement rarement eu autant de monde un mercredi après-midi sur la place Henri Baslé de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique). Alors que ces derniers mois, la station balnéaire de 15.000 habitants a été le théâtre de manifestations tendues autour du futur centre pour demandeurs d’asiles, celle qui a réuni « près de 3.000 personnes » en cette fin de journée ensoleillée s’est déroulée dans le calme. Réagissant à la démission tonitruante de son maire, Yannick Morez, cible d’un incendie criminel à son domicile et de graves pressions, les partis de gauche ont tenu à lui montrer sa solidarité, dénonçant par la même occasion « la menace de l’extrême droite ».
En haut des escaliers de la grande place, un micro à la main, la maire de Nantes (PS) Johanna Rolland s’est adressée aux manifestants, dont nombreux avaient revêtu leur écharpe d’élu ou sorti leurs drapeaux syndicaux et associatifs. « Yannick Morez s’est retrouvé à choisir entre sa vie privée et son engagement pour la chose publique, c’est insupportable, lance celle qui a été à l’initiative de ce rassemblement et qui demande aujourd’hui justice. Mais cette onde de choc, qui s’est répandue bien au-delà de Saint-Brevin, s’est produite dans un contexte particulier dans lequel l’extrême droite a joué un rôle que je refuse de passer sous silence. (…) Quand on soutient Yannick Morez, on soutient la démocratie, la République, on montre que l’on refuse de céder. »
Manifestation en soutien au maire de Saint-Brevin, le 24 mai 2023 - J. Urbach / 20 Minutes
« Récupération politicienne »
A l’initiative du parti socialiste, la marche de ce mercredi un temps annoncée comme « transpartisane » a tout de même pris des airs de réunion de la Nupes, avec parmi les présents Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin (LFI), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (EELV) ou encore Olivier Faure (PS). « Franchement, leur présence ici nous dépasse, juge un habitant, proche du collectif brévinois de soutien aux migrants. Quitte à venir de Paris, ils auraient dû venir de tous les partis, ça aurait fait plus sérieux ! » Mais les mots d’ordre, multiples (soutien aux élus victimes de violences, lutte contre l’extrême droite, mais aussi soutien aux migrants), tout comme le tacle adressé à l’État au sujet des défaillances en matière de protection des maires, ont sûrement déplu à certains.
Renaissance, dénonçant une « récupération politicienne », a donc boycotté l’événement alors que des « Macron démission » ont fusé plusieurs fois dans la foule. « Je déplore que ma famille politique ne se soit pas davantage mobilisée, réagit de son côté Marie-Cécile Gessant, la maire divers droite de Sautron, présente dans le cortège ce mercredi. Là, on ne parle pas de parti, on parle de solidarité entre les maires, entre tous les élus agressés, avec une situation qui ne fait que s’aggraver ! »
En fin de marche, le petit discours de Yannick Morez
Autre grand absent, Yannick Morez s’est lui aussi ému de la « récupération politique de l’extrême gauche » tout en regrettant « la discrétion de la droite ». Mais l’homme qui quittera son fauteuil de maire à la fin du mois de juin, et déménagera carrément dans une autre commune, est tout de même apparu à la fin du défilé, qui s’est arrêté devant la mairie. Vêtu d’une chemise à fleurs et d’une veste bordeaux, l’édile, particulièrement discret depuis deux semaines, a prononcé un petit discours, entouré de son équipe municipale et accompagné d’applaudissements et d’une Marseillaise.
« Démissionner, laisser son équipe, ce n’est pas quelque chose de simple », lance Yannick Morez devant la foule, réunie devant la mairie de #SaintBrevin @20minutes pic.twitter.com/AJw10YBj9K — 20 Minutes Nantes (@20minutesnantes) May 24, 2023 L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires J‘ACCEPTE Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n'hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton "J‘accepte pour aujourd‘hui" dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.
Evoquant les « nombreux messages de soutien » et « le tourbillon médiatique », il a de nouveau déploré le manque de considération de l’État. « On nous disait de ne pas déposer plainte au nom de la liberté d’expression », se rappelle l’édile, qui confie qu’ « abandonner son équipe n’est pas une chose simple » et qu’il faudra « continuer à se battre ». « Moi, c’est pour ça que je suis là : défendre la liberté, toutes les libertés, réagit Bernadette, venue spécialement de Nantes. Dire non à la violence, car ce n’est plus possible. »
Alors que selon le ministère de l’Intérieur, les agressions physiques ou verbales contre les élus ont augmenté de 32 % en 2022, Yannick Morez estime que « ce chiffre est totalement sous évolué ». Il a cependant salué les premières annonces du gouvernement, à savoir la création d’un pack sécurité à destination des élus pour mieux les protéger et les orienter en cas de menaces ou de violences.
Source: 20 Minutes