Le Pentagone évalue le coût du don de dix F-16 à l'Ukraine à 2 milliards de dollars
D’après le chef du Pentagone, Lloyd Austin, le Danemark et les Pays-Bas prendront la tête de la « coalition » des pays européens ayant décidé de livrer des chasseurs-bombardiers F-16 de conception américaine à l’Ukraine. Livraison qui a finalement été autorisée par les États-Unis à l’occasion du sommet du G7, à Hiroshima [Japon], le 19 mai.
« Dans les prochaines semaines, mes homologues danois et néerlandais [Troels Lund Poulsen et Kajsa Ollongren, ndlr] travailleront avec les États-Unis et d’autres alliés pour développer un cadre d’entraînement » pour les pilotes ukrainiens, a en effet déclaré M. Austin, à l’issue d’une réunion du groupe de contact Défense pour l’Ukraine en format dit de « Ramstein ».
« La Norvège, la Belgique, le Portugal et la Pologne ont déjà proposé de contribuer à la formation et nous nous attendons à ce que davantage de pays se joignent à cette importante initiative », a ajouté le secrétaire américain à la Défense.
Pour rappel, le Royaume-Uni a tenu un rôle moteur dans la création de cette « coalition F-16 » qui, selon le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, est un « signal » adressé à Moscou pour lui faire comprendre que « nous n’avons pas d’objection de principe à fournir à l’Ukraine les capacités dont elle a besoin ».
Cela étant, livrer les F-16 que Kiev réclame depuis le début de la guerre ne consiste pas seulement à prélever des avions dans l’inventaire d’une force aérienne pour les transférer vers une base aérienne ukrainienne…
En effet, outre la formation des pilotes, il faut prévoir celle des techniciens, indispensables pour mettre en oeuvre de tels appareils. Il faut aussi penser aux infrastructures nécessaires pour les utiliser, ainsi qu’aux munitions et à leur maintien en condition opérationnelle. Et, évidemment, cela a un coût… que le chef d’état-major interarmées américain, le général Mark Milley a évalué à au moins 2 milliards de dollars.
« Dix F-16, c’est un milliard de dollars. Le maintien en condition opérationnelle coûte un autre milliard de dollars. Donc, on parle d’environ deux milliards pour dix avions », a-t-il dit lors de la conférence de presse donnée par M. Austin. Aussi, a-t-il fait observer, s’ils avaient été livrés plus tôt à l’Ukraine, ces appareils auraient « englouti le financement » des capacités qui ont permis à l’armée ukrainienne de mettre en échec les plans d’invasion russes.
Quoi qu’il en soit, il faudra à cette « coalition F-16 » trouver les financements nécessaires pour permettre à la force ukrainienne d’utiliser ces appareils… Sur ce point, M. Austin a évoqué la création d’un « fonds afin que d’autres pays puissent contribuer à cet effort global ».
Cependant, « il n’y a pas d’armes magiques », a fait valoir le général Milley au sujet des F-16 promis à l’Ukraine. « Les Russes ont plus de 1000 avions de combat […]. Donc, pour affronter la Russie dans les airs, il faut un nombre substantiel de chasseurs de quatrième et cinquième génération », a-t-il expliqué. Par conséquent, a-t-il dit, les « alliés ont fait ce qu’il fallait en fournissant d’abord à Kiev une quantité importante de systèmes de défense aérienne pour couvrir l’espace de combat ».
Le propos du général Milley rejoint celui de Frank Kendall, le secrétaire à l’US Air Force. Les F-16 « donneront aux Ukrainiens une capacité supplémentaire qu’ils n’ont pas en ce moment » mais ils « ne vont pas changer radicalement la donne au nveau de leurs capacités militaires totales », a-t-il estimé, lors d’une table ronde avec des journalistes, organisée par le Defence Writers Group, le 22 mai.
Source: Zone Militaire