Au Sénégal, le principal opposant, Ousmane Sonko, marche vers Dakar pour défier le président Macky Sall

May 27, 2023
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Le chef de l’opposition, Ousmane Sonko, salue ses partisans lors d’un meeting à Ziguinchor, le 24 mai 2023. MUHAMADOU BITTAYE / AFP

Il l’avait promis, il l’a fait. Après avoir passé plusieurs semaines retranché à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko a quitté son fief, vendredi 26 mai en milieu d’après-midi, à la tête d’un « convoi populaire », tel qu’il l’appelle. Son objectif étant le palais présidentiel, à Dakar, situé à quelque cinq cents kilomètres.

Lors de ces premières vingt-quatre heures, le principal rival du président, Macky Sall, en vue de la présidentielle de février 2024 est parvenu à mobiliser des foules impressionnantes. Chaque commune, chaque village qu’il traversait semblait l’acclamer, des milliers de sympathisants se sont pressés sur les bords des routes pour saluer le passage de sa voiture, drapée pour l’occasion d’un drapeau sénégalais.

Ce voyage à haut risque a été marqué par des violences dès les premières heures. En fin de journée vendredi, des violences ont éclaté entre militants et forces de l’ordre à Kolda (au Sud), alors que le convoi s’est trouvé un temps bloqué par un barrage policier. Le leader du parti Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef/Les Patriotes) est attendu en fin d’après-midi à Tambacounda, la plus grande ville du Sénégal oriental.

Ousmane Sonko a promis un « combat final » au président Macky Sall, jeudi, au lendemain de l’audience majeure du procès dans lequel il est accusé pour viols répétés par Adji Sarr, une ancienne employée de salon de massage. Alors qu’il dénonce un « complot politique », il a invité tous les Sénégalais, surtout les jeunes qui constituent sa base, à « prendre leur destin en main » en se joignant à cette « caravane de la liberté ». « Gatsa-gatsa » (œil pour œil, dent pour dent), a-t-il réitéré, faisant de cette expression en wolof son slogan. Il n’a pas dit quand il rallierait Dakar, mais il souhaite arriver dans la capitale avant que ne soit prononcé le verdict de son procès, le 1er juin.

« Qu’il veuille marcher sur Dakar, ce n’est pas un problème (…), s’il respecte les lois et les règlements. Nous ne laisserons personne troubler l’ordre public et la quiétude des Sénégalais », avait déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, à la veille de la marche, jeudi. Il en a profité pour souligner que le gouvernement répondrait par la fermeté à toute tentative de trouble à l’ordre public.

Le risque d’une inéligibilité à la présidentielle

Ces derniers mois, la tension est croissante au Sénégal, entretenue par le flou persistant autour d’un possible troisième mandat du président Macky Sall. A l’approche du 1er juin, les Dakarois retiennent leur souffle, inquiets des nouveaux heurts qui pourraient se produire. En mars 2021, son interpellation sur le chemin du tribunal dans le cadre de cette affaire de viols présumés avait déclenché de violentes émeutes pendant plusieurs jours, causant le décès de quatorze personnes et des saccages importants dans le pays.

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Source: Le Monde