Aya Nakamura ambiance ses " copines " lors de son concert à l’Accor Arena

May 28, 2023
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Deux salles, deux ambiances. Vendredi 26 mai, la chanteuse américaine aux multiples récompenses Beyoncé étincelait au Stade de France, et l’artiste francophone la plus diffusée dans le monde, Aya Nakamura, entamait sa série de trois concerts complets à l’Accor Arena de Paris. Mais comparaison n’est pas raison. Elles n’ont pas les mêmes carrières : quatre albums pour la Française, le double pour l’Americaine, pas la même voix, la même expérience ni le même public, de toute évidence. Vendredi soir, les fans de Queen B, tous âges et tous genres confondus, avaient revêtu les vêtements les plus brillants ; samedi, ceux de Nakamura, majoritairement de très jeunes femmes, optaient pour la couleur noire, des tenues sexy qui épousent les formes, du pantalon en skaï au buste décolleté. Les « go », comme les appelle Aya, sont sorties entre copines, bien prêtes à conserver le souvenir de leur soirée. Certaines ont même acheté des lumières portatives pour pouvoir se filmer correctement dans les gradins en train de danser, d’autres ont appris à maîtriser tous les effets vidéo de leurs smartphones.

L’autrice de Djadja s’était bien préparée, se sachant attendue sur sa capacité à tenir un spectacle d’une heure et demie, à chanter juste… Beaucoup l’ont raillée sur son français élastique mais encore plus sur ses premières prestations lors de festivals. La fille de griotte qui a grandi à Aulnay-sous-bois en Seine-Saint-Denis est certes plus une ambianceuse qu’une grande chanteuse soul ou de R’n’B, mais elle sait monter dans les aigus, reprendre a cappella un tube sans trembler et, surtout, elle ne chante pas en play-back sur une bande-son comme aujourd’hui la majorité de ses collègues rappeurs.

Un spectacle tenu d’une main de maître

Preuve de son implication : le 11 mai, lors de la cérémonie des Flammes, où elle était consacrée chanteuse féminine de l’année, l’artiste n’avait pu recevoir le prix en mains propres car elle était déjà repartie pour les répétitions de sa tournée pour l’album DNK et ses fameux concerts parisiens, dont les places s’étaient vendues en quelques heures. Sur scène, elle s’est entourée de très bons musiciens, notamment du percussionniste Guilherme Alvarez, véritable colonne vertébrale du show. Il faut les voir assurer deux morceaux afro-jazz, le temps que la chanteuse passe d’une courte robe jaune à un pantalon bustier tout de blanc, devant un public qui n’était visiblement pas venu pour eux.

Aya Nakamura joue son rôle, remuant avec flegme, parfois entourée de quelques danseurs mâles, communiquant efficacement avec les « copines » du public, qui connaissent tout des paroles son répertoire, des tubes Pookie, Jolie nana aux titres moins connus comme Tête couronnée, chantant de bout en bout sans jamais couvrir la voix de celle qui raconte ses histoires d’amour où elle tombe « love d’un voyou », où elle remet à leur place des petits machos immatures qui l’agacent par leur « comportement ». Pour enchaîner les morceaux, elle se contente souvent d’un efficace « On passe à la suite ? », enchaîne avec un « Je savais que j’allais mettre le feu mais pas comme ça. Maintenant, on va calmer la cadence ».

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Source: Le Monde