Election en Turquie : dans la région de Lyon, avec les partisans d’Erdogan

May 28, 2023
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Fortement implantée dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), la communauté turque a plébiscité Recep Tayyip Erdogan, à l’occasion du premier tour du scrutin présidentiel turc, le 14 mai. La deuxième région de France compte 160 000 résidents de nationalité turque ou de double nationalité. Sur les 90 000 électeurs turcs de l’AURA, 85 % des votants ont donné leur voix au président sortant.

« Voilà vingt ans qu’il est en poste, c’est le meilleur, il sait ce qu’il faut faire. En face de lui, les autres candidats n’ont pas assez d’expérience », explique Yacin (qui n’a pas souhaité donner son nom), serveur au Terminal kebab, restaurant du cours Charlemagne, dans le quartier de la gare Perrache. Le quadragénaire résume un sentiment dominant dans ce quartier historiquement fréquenté par la communauté turque. L’image de puissance de M. Erdogan alimente une forme de fierté patriotique, qui surpasse les réserves sur ses méthodes autoritaires.

Les autres candidats sont peu connus, même si les partis ont tenté de faire campagne en distribuant tracts et affiches dans le quartier. « A l’étranger, le président de la Turquie a un poids très important. C’est un personnage qui a un fort caractère. On lui fait confiance. C’est pour cela que beaucoup de gens votent pour lui ici », confie Yanis Chrrï, 27 ans, employé au restaurant Galata. En 2018, M. Erdogan avait déjà obtenu 86,7 % des voix dans la région AURA, le plus fort taux du vote turc à l’étranger. En 2023, le score se tasse légèrement, sur fond de participation mitigée, mais le score en faveur du leader de l’AKP, le Parti de la justice et du développement, reste le plus élevé d’Europe. Les résultats du second tour devraient confirmer cette tendance.

« La culture politique se perd »

« Pour les Turcs, il a du charisme, de la personnalité. Il représente quelque chose. Plus les médias s’acharnent sur lui, plus ça augmente sa popularité. Un magazine l’a comparé à Poutine pour le critiquer. Ça montre au contraire qu’il est fort, c’est l’homme de la situation dans l’esprit de beaucoup de gens », analyse Kerim Demirtas, 35 ans, gérant du Kusadasi, excellente adresse du cours Suchet, derrière la gare de Perrache. Fils d’ouvrier du bâtiment, venu en France au début des années 1980, le trentenaire dit avoir vu changer les mentalités.

Autrefois, les familles turques allaient au restaurant pour se retrouver, dans une salle où trônait le portrait de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque. « La culture politique se perd. Les plus jeunes ont leur vie en France maintenant, les élections, ils s’en foutent un peu. C’est une question de générations. Nos parents ont gardé le lien avec le pays. Pour eux, cela signifie encore quelque chose », affirme le restaurateur. Son établissement a été modernisé, sans portrait aux murs. Et il n’est pas allé voter, tout occupé à tenir son commerce.

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Source: Le Monde