La Commission européenne demande aux États membres de renoncer aux interdictions d’importations ukrainiennes
Les États membres devront lever les interdictions unilatérales d’importation de produits agricoles en provenance d’Ukraine s’ils veulent recevoir l’aide financière promise par l’UE pour soutenir leurs agriculteurs mis en difficulté par l’afflux d’importations ukrainiennes bon marché sur leurs territoires. C’est ce qu’a annoncé Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’Agriculture, aux ministres de l’Agriculture lors d’une réunion à huis clos mardi (25 avril).
Plusieurs pays particulièrement touchés par la situation, dont la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, ont récemment décidé d’interdire toutes les importations de produits agricoles ukrainiens.
Cette décision intervient à la suite de perturbations sur les marchés nationaux de ces pays en raison d’un certain nombre de mesures prises par l’UE pour aider l’Ukraine à exporter des produits agricoles. Ces mesures ont entraîné un afflux de produits tels que les céréales et la volaille, ce qui a fait chuter les prix et précipité les agriculteurs au bord du gouffre.
« Nous comprenons parfaitement la demande des cinq États membres d’introduire des mesures contre cette offre excédentaire de produits en provenance d’Ukraine, car elle crée de nombreux problèmes pour les agriculteurs », a reconnu le commissaire M. Wojciechowski lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion.
Les cinq pays situés « en première ligne » de cette crise, qui sont aussi les plus touchés, poussent désormais la Commission à apporter davantage de soutien en raison de la situation difficile.
Après des mois de débats, la Commission a mobilisé 56 millions d’euros du fonds de réserve agricole de la Politique agricole commune (PAC) pour alléger le fardeau qui pèse sur les pays limitrophes de l’Ukraine.
Une aide supplémentaire de 100 millions d’euros provenant du même fonds a été rapidement proposée quelques jours seulement après l’introduction des interdictions, bien que cette mesure soit probablement contraire à la législation de l’UE.
Toutefois, ce financement est conditionné à l’abandon des interdictions par les pays qui les ont décidées, selon une source ayant participé à la réunion à huis clos, qui a confié à EURACTIV que le commissaire avait « souligné que les États membres devraient lever les mesures unilatérales afin de recevoir un soutien ».
L’exécutif européen n’a pas encore donné de détails sur la manière dont ce financement sera réparti, mais a réitéré lors de la réunion que les cinq pays en première ligne en bénéficieront.
Importations de céréales ukrainiennes : l’UE propose une nouvelle aide de 100 millions d’euros La Commission européenne va accorder une aide supplémentaire de 100 millions d’euros aux cinq États membres « de première ligne » de l’UE afin d’alléger la pression exercée sur leurs agriculteurs, touchés par un afflux de produits agricoles en provenance d’Ukraine.
Pas d’extension des mesures de sauvegarde
Les États membres concernés ont fait pression sur la Commission pour qu’elle étende le champ d’application du mécanisme de sauvegarde, qui vise à protéger des secteurs spécifiques contre une augmentation des importations à la suite d’un programme de libéralisation des échanges, afin d’y inclure une gamme plus large de produits agricoles.
Toutefois, le commissaire européen à l’Agriculture a mis un frein à cette demande, notant que les cinq produits les plus sensibles, à savoir le colza, le maïs, le blé, les graines de tournesol et l’huile de tournesol, représentent 80 % de l’ensemble des produits.
« Les huit autres produits sont certainement des produits importants dans une certaine mesure, mais ils sont moins pertinents », a-t-il déclaré, précisant qu’il pensait que les problèmes liés à ces produits pouvaient être résolus grâce à l’aide au revenu ou à l’utilisation de la clause de sauvegarde actuelle.
« [C’est] une mesure extrêmement importante, une solution utile à nos yeux », a-t-il déclaré en référence au mécanisme de sauvegarde actuellement en vigueur.
Cette possibilité de sauvegarde doit expirer avec la fin de l’accord actuel sur les mesures commerciales autonomes (MCA) le 5 juin, mais le commissaire a déclaré qu’il était ouvert à son extension dans le prochain accord.
« Nous savons que si les nouvelles MCA sont adoptées la semaine prochaine, […] cette interdiction temporaire devrait également être prolongée, peut-être jusqu’à la fin de l’année », a-t-il déclaré, ajoutant que la Commission était « ouverte à cette possibilité ».
Cinq pays de l’UE demandent plus de soutien pour lutter contre les importations agricoles ukrainiennes Cinq pays européens situés en première ligne ont uni leurs forces pour demander à la Commission de les soutenir davantage à la suite de leurs décisions unilatérales d’interdire toutes les importations de produits agricoles ukrainiens.
Les droits de douane ne sont pas la solution
Par ailleurs, les associations agroalimentaires nationales des pays du groupe de Visegrad ont déclaré que la seule solution efficace serait de réintroduire des droits de douane et des quotas sur les produits agroalimentaires ukrainiens.
« Si nous ne voulons vraiment pas détruire notre industrie agroalimentaire, nous devons adopter des solutions fondamentales à l’échelle de l’UE pour protéger les producteurs [de l’UE] », a déclaré Michal Maco, directeur de la Chambre slovaque de l’Agriculture et de l’Alimentation (SPPK).
Cependant, cette option n’est pas envisageable pour la Commission.
Des associations agroalimentaires demandent à l’UE de réintroduire les droits de douane sur les céréales ukrainiennes Les importations de céréales ukrainiennes causent d’importantes perturbations aux agriculteurs polonais, hongrois, tchèques et slovaques. Selon les associations agroalimentaires des pays du groupe de Visegrad, la solution serait de réintroduire des droits de douane et des quotas sur les produits agricoles ukrainiens.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]
Source: EURACTIV France