les Français évacués du Soudan sont soulagés de se retrouver enfin en sécurité

April 26, 2023
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Un premier avion, transportant des ressortissants français et étrangers évacués du Soudan, a atterri mercredi matin en France. Parmi ces évacués, le personnel de l'ambassade de France, désormais fermée, mais aussi des humanitaires ou encore des familles franco-soudanaises.

Deux-cent-quarante-cinq personnes, dont 195 français, ont été évacuées du Soudan où depuis plus d'une semaine de violents affrontements opposent l'armée régulière et forces rebelles. Ils sont arrivés dans la matinée du mercredi 26 avril à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle après une nuit de vol depuis Djibouti, et surtout après avoir eu des journées d'angoisse au milieu de la guerre civile qui déchire le pays.

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Ces rescapés sont encore un peu hébétés, un peu perdus, et s'excusent de ne plus avoir trop la notion du temps. Ils ne se rappellent pas, par exemple, combien de temps ils sont restés enfermés dans leur hôtel ou dans leur logement, ni même quand ils en ont été évacués. Avec le sentiment pendant ces derniers jours, d'avoir risqué leur vie à chaque seconde. "Il n'y a pas de vie là-bas, c'est du boum-boum [des tirs] et terminé", résume à sa façon Walid, un Franco-soudanais.

"Tout le monde s'est caché. Il n'y avait pas d'eau ni d'électricité mais il fallait sortir pour trouver de la nourriture, et c'était risqué." Walid, Franco-soudanais à franceinfo

Une impression de revenir de l'enfer

Les personnels de l'ambassade, à priori un peu mieux protégés par leur statut, avaient eux aussi le sentiment de revenir de l'enfer : "Les tirs sont dans toute la ville, mais l'intensité des combats fait qu'il y a des balles perdues partout, raconte Franck. On a des vitres cassées dans les bâtiments. On a vécu des semaines de chaos."

"C'est improbable qu'il n'ait pas de mort parmi nous. On a toujours eu une dose de chance. Le bilan est improbable." Franck, employé de l'ambassade française au Soudan à franceinfo

Tous les rescapés évacués sont d'accord pour remercier chaleureusement les militaires qui ont protégé leur départ, avec d'abord des points de ralliement un peu partout en ville, puis des convois sous escorte pour gagner un aéroport à l'extérieur de la ville.

Des situations "de strès grand stress"

La fin d'un cauchemar, d'une très grosse semaine d'angoisse, en tout cas, surtout pour ce groupe de 11 salariés d'une entreprise de Charente-Maritime, arrivée le 10 avril à Khartoum pour implanter des systèmes d'irrigation. Ils se sont retrouvés coincés dans leur hôtel, occupé également par un groupe de rebelles. "On a passé une semaine dans cet hôtel avec au rez-de-chaussée, une équipe de rebelles qui avait trois pick-up avec des mitrailleuses, un véhicule plateau avec un équipement anti-aérien, raconte Nicolas, directeur de la PME. Les premiers jours, on a eu très peur. Et puis on a compris que quand il y avait du bruit, c'était eux qui tiraient. Donc a priori, ce n'est pas nous qui allions recevoir. Ensuite, on a essayé de s'habituer. Certains étaient en situation de très grand stress."

"Il y avait des informations sur des viols, il y avait donc beaucoup d'inquiétude. On a essayé de prendre toutes les précautions : mettre les filles plutôt aux étages pour qu'elles soient moins visibles, s'éloigner des fenêtres... C'étaient des réflexes un peu nouveaux." Nicolas, directeur d'une entreprise de Charente-Maritime à franceinfo

Nicolas ne se plaindra pas puisque dans l'avion, il a aussi croisé des familles franco-soudanaises qui, elles, sont parties en catastrophe en laissant tout sur place, sans savoir quand elles pourraient regagner leur foyer et encore moins ce qu'elles pourraient y retrouver.

Source: franceinfo