Les éditions Dupuis espèrent sortir un nouveau Gaston Lagaffe " avant la fin de l’année "
Les « unes » de journaux belges célébrant les 50 ans de Gaston Lagaffe, le personnage créé en 1957 par le dessinateur belge André Franquin, le 28 février 2007. GÉRARD CERLES / AFP
Y aura-t-il un nouvel album de Gaston Lagaffe ? Les éditions Dupuis ont annoncé, mercredi 31 mai, que la justice belge leur avait donné raison dans le litige les opposant à Isabelle Franquin, la fille d’André Franquin, le créateur du célèbre personnage de bande dessinée, décédé en 1997. Un « arbitre » indépendant, juriste de profession, avait été désigné en mars 2022, à la suite du projet de Dupuis de donner une seconde vie à Gaston sous le crayon d’un autre dessinateur, le Canadien Delaf – projet vivement contesté par l’héritière et ayant droit du maître bruxellois.
De son vivant, Franquin avait en effet déclaré à plusieurs reprises qu’il ne souhaitait pas que son héros lui survive, tout comme Hergé avec Tintin. Le dessinateur avait toutefois cédé, en 1992, les droits d’exploitation de Gaston Lagaffe à un entrepreneur de ses amis, Jean-François Moyersoen. Dans le contrat, racheté par Dupuis en 2013, une clause précise les conditions nécessaires à d’éventuels prolongements de son œuvre : « Aucune adaptation (…) ne peut avoir lieu sans l’accord de l’auteur qui ne pourra le refuser que pour des motifs éthiques ou artistiques. Il en est de même pour toute création d’une œuvre nouvelle. »
Remake « à l’identique »
C’est sur la base de ces « motifs éthiques et artistiques » que Dupuis a construit sa défense. Les quarante-quatre gags réalisés en secret, quatre ans durant, par Delaf – Marc Delafontaine, de son vrai nom, par ailleurs coauteur de la série à succès Les Nombrils –, s’inscrivent dans une logique de remake « à l’identique ». Delaf a fondu son pinceau dans celui du monstre sacré de la BD franco-belge qu’était Franquin, s’appropriant son univers avec une ressemblance confondante.
Les avocats d’Isabelle Franquin ont indiqué que « si le principe d’une résurrection est licite », leur cliente « a toujours le droit de faire valoir ses observations » sur les nouveaux gags produits, après un laps de temps donné. « Isabelle Franquin ne peut pas s’y opposer, dans la mesure où le travail de Delaf ne porte pas atteinte à l’œuvre réalisée par son père de son vivant », explique-t-on au siège de la maison d’édition.
« Je me réjouis de cette décision et suis impatient de partager le fruit de mon travail avec le public. J’espère qu’en refermant l’album, les lecteurs ressentiront tout l’amour et le respect que j’ai pour Gaston et son inégalable créateur André Franquin », a déclaré Delaf dans le communiqué de Dupuis. Initialement espéré pour octobre 2022 sur la base d’un tirage de 1,2 million d’exemplaires, l’album pourrait sortir avant la fin de l’année. « Si nous trouvons assez de papier pour l’imprimer », conditionne-t-on chez Dupuis.
Source: Le Monde