Où en est l’enquête sur la fusillade qui a fait un mort et deux blessés ?

June 02, 2023
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Au lendemain de la fusillade qui a fait un mort et deux blessés à Nantua, une commune située dans l’Ain, le parquet de Bourg-en-Bresse vient d’annoncer qu’une information judiciaire allait être ouverte samedi après-midi à l’encontre de trois personnes des chefs « d’assassinat », « tentative de meurtre », « complicité d’assassinat » et « complicité de tentative de meurtre ». Des placements en détention provisoire vont être requis. 20 Minutes fait le point.

Que s’est-il passé ?

Jeudi 1er juin, vers 10 heures, les gendarmes ont été sollicités par une femme alors qu’ils se rendaient pour une intervention dans le centre-ville de Nantua. Arrivées sur place, les forces de l’ordre constatent une altercation entre trois individus - dont deux des fils de la personne qui a alerté les gendarmes. Un autre homme essaie de les séparer et d’apaiser la situation.

Quelques minutes plus tard, un homme de 19 ans accompagné de son père et d’un de leurs proches est arrivé « brusquement » à bord d’une voiture. Après être descendus du véhicule, ils ont « immédiatement pris à partie » deux autres personnes qui se trouvaient sur le trottoir devant l’établissement, a indiqué le parquet de Bourg-en-Bresse jeudi soir. Avant d’ajouter ce vendredi : « S’ensuit une bagarre générale, une grande confusion dans laquelle les gendarmes ne parviennent pas à avoir le dessus ni à identifier clairement qui fait quoi. Ils appellent alors des renforts ». C’est à ce moment-là qu’un des individus a sorti une arme de poing et a tiré sur le jeune de 19 ans, qui est rapidement décédé des suites de ses blessures.

La mère et le frère du tireur s’enfuient vers leur domicile « non sans avoir porté plusieurs coups à différentes personnes du "camp adverse" sur leur chemin », précise le parquet. L’agresseur prend également la fuite, poursuivi par plusieurs individus ainsi que les gendarmes. « Il se retourne, tire une première fois en l’air, puis une seconde en direction de ses assaillants », poursuit Sophie Taupin, procureur adjoint de la République de Bourg-en-Bresse. Une personne est touchée à la hanche, héliportée jusqu’à l’hôpital Lyon Sud. Son pronostic vital n’est pas engagé. Une troisième personne, qui aurait reçu de violents coups de pied et de poing dans l’altercation, a ensuite été prise en charge par les pompiers.

Comment s’est déroulée l’interpellation ?

La mère et le frère du tireur ont été interpellés peu après les événements, alors qu’ils s’apprêtaient à quitter les lieux pour aller se réfugier sur Lyon, se sentant menacés, détaille encore la procureur adjoint. De son côté, le principal mis en cause, parvenu à se réfugier dans un immeuble situé dans une rue parallèle, s’est rendu au moment où le GIGN s’apprêtait à intervenir. « L’interpellation a eu lieu sans difficulté. L’arme utilisée a été retrouvée sur ses indications », poursuit le parquet.

Ces trois personnes ont été placées en garde à vue et l’étaient toujours vendredi soir. Un quatrième protagoniste, ami du principal suspect, est également en garde à vue depuis vendredi matin. Il est défavorablement connu des services de police. Tout comme le principal suspect, âgé de 28 ans avec douze mentions au casier, dont de nombreuses pour extorsion, vol aggravé, violences avec arme.

Quel serait le motif de cette fusillade ?

Le principal suspect, âgé de 28 ans, a reconnu être le tireur lors de son audition mais a maintenu « n’avoir fait que se défendre, avoir agi en état de légitime défense, ayant été agressé et menacé depuis la veille ». Selon les premiers éléments de l’enquête, cette altercation aurait pour origine un événement s’étant déroulé la veille, le 31 mai au soir. Le mis en cause se serait rendu au bord du lac de Nantua avec un de ses amis. « Ils étaient manifestement, selon les témoignages, alcoolisés, et auraient importuné de jeunes mineures membres des familles [des personnes impliquées dans la bagarre et celle du défunt] », explique le parquet.

Avant d’ajouter : « S’en seraient suivies plusieurs altercations et menaces entre les deux "camps" dans la soirée et dans la nuit. » Les deux jeunes hommes se seraient ensuite rendus à Lyon, ville dans laquelle le principal suspect dit avoir acheté le revolver pour 300 euros. « Le mobile demeure encore à ce stade relativement obscur quant au ressentiment extrêmement vif entre les deux groupes », souligne Sophie Taupin, la procureure adjointe. Elle cite d’autres événements, comme « une séparation des plus conflictuelles » entre le tireur et son ex-compagne. Le mis en cause aurait également remis de la résine de cannabis au fils mineur d’un des hommes impliqués dans l’altercation devant le bar. Ce dernier aurait « voulu en découdre pour cette raison ».

« Tous ces éléments devront faire l’objet d’investigations approfondies pour être corroborées », conclut le parquet.

Source: 20 Minutes