Colombie : le président Petro remplace sept de ses ministres
Le président colombien Gustavo Petro (à gauche) avec le nouveau conseiller d’Etat Jorge Duque (à droite) le 26 avril 2023, à Bogota. CESAR CARRION / AFP
En butte aux partis politiques traditionnels s’opposant à plusieurs de ses projets de loi, le président colombien Gustavo Petro a remplacé mercredi 26 avril sept ministres de son gouvernement de coalition. « Aujourd’hui se construit un nouveau cabinet qui aidera à consolider le programme du gouvernement », a annoncé en début d’après-midi un communiqué officiel du chef de l’Etat.
M. Petro a notamment procédé au remplacement des ministres de l’intérieur, des finances, de l’agriculture et de la santé. Les quatre titulaires de ces portefeuilles sont désormais respectivement Ricardo Bonilla, Jhenifer Mojica, Luis Fernando Velasco et Guillermo Alfonso Jaramillo, qui ont plutôt des profils de technocrates et d’universitaires que de politiques. Ce sont des proches ou d’anciens collaborateurs du président Petro.
Son programme de gauche, sur lequel il a été élu à l’été 2022, prévoyait « une feuille de route pour amener le changement en faveur duquel ont voté des millions de Colombiens et Colombiennes », mentionne le communiqué. Malgré « un engagement en faveur du dialogue », avec une coalition gouvernementale ouverte au centre et à la droite modérée, ce « pacte a été rejeté par certains politiciens traditionnels et de l’establishment », justifie M. Petro dans le document, réaffirmant son objectif d’un « agenda du changement social », tout en favorisant de « grands accords nationaux ».
Au pouvoir depuis le 7 août, Gustavo Petro tente avec difficulté de faire adopter plusieurs projets de loi, en particulier ces dernières semaines une réforme contestée du système de santé qui a mis à mal sa coalition gouvernementale. La crise politique couvait depuis plusieurs semaines. Le Parti libéral, le Parti conservateur et le parti de la U (centriste), tous trois membres de la coalition gouvernementale, se sont une nouvelle fois mardi opposés à ce projet de loi sur la santé, menaçant d’expulser de leurs rangs tous les parlementaires qui voteraient en sa faveur.
« Gouverner avec les siens »
Le premier exécutif formé par le président de gauche reposait sur une coalition ouverte au centre, à la droite modérée, et au monde universitaire. Les portefeuilles-clés de la défense, de l’intérieur, des finances ou encore des affaires étrangères avaient ainsi été confiés à des personnalités non issues du « Pacte historique », l’alliance de gauche ayant porté M. Petro au pouvoir.
Depuis son arrivée à la tête du pays, Gustavo Petro a dû faire face à plusieurs démissions et a limogé, à la fin de février, trois de ses ministres, dont le centriste Alejandro Gaviria (portefeuille de l’éducation), très critique à l’égard de la réforme de la santé. En remplaçant sept des dix-huit membres de son cabinet, Petro « envoie un message clair » sur la crise politique la plus grave qu’il affronte en neuf mois de gouvernement : « le président veut gouverner avec les siens », estime le média d’analyse politique la Silla Vacia.
Le 15 février, Gustavo Petro avait demandé à ses partisans de descendre dans la rue pour soutenir ses réformes. Depuis le balcon du palais présidentiel il avait averti qu’il continuerait à appeler à des manifestations jusqu’à ce que le « changement » devienne réalité. Outre l’échec de plusieurs de ses projets de loi au Congrès, M. Petro rencontre de nombreuses difficultés dans la mise en œuvre de son ambitieux plan de « paix totale » pour mettre fin au conflit armé dans le pays, où sévissent toujours de nombreux groupes armés.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde