L’ambassadeur du Liban en France dans la tourmente

June 05, 2023
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Des responsables du ministère des affaires étrangères libanais sont attendus à Paris pour enquêter sur le comportement de l’ambassadeur du pays du Cèdre en France, Rami Adwan, visé par deux plaintes pour viol et violences, révélées vendredi 2 juin par Mediapart. L’envoi des enquêteurs a été annoncé après que le ministère des affaires étrangères français a demandé la levée de l’immunité du diplomate libanais. Le Quai d’Orsay a justifié cette requête au vu de « la gravité des faits évoqués » et dans le souci de « faciliter le travail de la justice française », a expliqué une source diplomatique française à l’Agence France-Presse.

Les accusations dirigées contre Rami Adwan, âgé de 47 ans et en poste à Paris depuis 2017, émanent de deux jeunes femmes qui ont travaillé sous ses ordres à l’ambassade, située dans le 16e arrondissement de Paris, et qui entretenaient une relation intime avec lui. La première, 31 ans, a porté plainte en juin 2022 pour un viol, commis en mai 2020, selon son récit à la police, dans les appartements privés de l’ambassadeur. La plaignante a également fait état de violences physiques et psychologiques, notamment un coup à la tête que son supérieur lui aurait administré avec un presse-papiers en marbre au cours d’une dispute.

Interrogé par Mediapart, M. Adwan dénonce « des accusations qui n’ont aucun sens » et évoque une relation qui se serait « achevée dans un climat très conflictuel ». Concernant le viol supposé, il affirme que le rapport sexuel était consenti. « Cette plainte pour viol qui intervient plus de deux ans après les faits (…) interroge quant à la sincérité de sa démarche », a-t-il déclaré.

Une seconde femme, âgée de 28 ans, a porté plainte en février 2023 pour dénoncer une série d’agressions physiques. Devant la police, la plaignante a notamment décrit une scène, remontant à décembre 2022, au cours de laquelle l’ambassadeur, arrivé alcoolisé à son domicile, aurait tenté de l’étouffer dans son matelas, après qu’elle a refusé un rapport sexuel. Une accusation démentie là encore par M. Adwan.

Un proche de Gebran Bassil

Au Liban, resté à l’écart du mouvement #metoo et où la réputation des puissants est d’ordinaire protégée – y compris dans les cas de violences sexuelles –, les médias se sont inhabituellement saisis de ces révélations : dès le 2 juin au soir, elles étaient au menu du journal télévisé de la chaîne Al-Jadeed, l’une des plus regardées du pays. Le quotidien Nidaa Al-Watan a mis l’accent sur le choc ressenti par « l’opinion publique libanaise et la diaspora ». De nombreux Libanais déplorent que l’image de leur patrie, passablement abîmée par la double explosion dans le port de Beyrouth à l’été 2020 et le marasme économique dans lequel le pays est plongé, soit écornée un peu plus par ceux-là mêmes qui sont censés défendre cette image sur la scène internationale.

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Source: Le Monde