En Autriche, les sociaux-démocrates changent de leader après " une erreur de tableur Excel "
Andreas Babler, le 3 juin 2023, à Linz, en Autriche. GEORG HOCHMUTH / AFP
Quarante-huit heures seulement après avoir élu son nouveau président, le Parti social-démocrate autrichien (SPÖ) a été contraint d’admettre, lundi 5 juin, qu’une « erreur de tableur Excel » avait mené à « intervertir » les résultats du vote de son congrès organisé samedi. « Il y a eu une erreur technique », a expliqué, confuse, Michaela Grubesa, la responsable de la commission électorale, lors d’une conférence de presse convoquée pour présenter ses « excuses » et annoncer les nouveaux résultats.
Initialement élu avec près de 53 % des voix des 603 délégués, Hans Peter Doskozil a finalement été déclaré perdant. Bon joueur malgré cette confusion, il a immédiatement reconnu ce nouveau résultat et assuré qu’il se retirait de la vie politique nationale pour se concentrer sur la région qu’il gouverne, le Burgenland, dans l’est de ce pays d’Europe centrale. A sa place a été élu Andreas Babler, 50 ans, maire d’une petite ville de 17 000 habitants située au sud de Vienne, qui avait officiellement été crédité de 47 % des voix samedi.
Evoquant un « point bas » dans l’histoire du SPÖ, ce représentant de l’aile gauche du parti a préféré demander un ultime « recomptage » avant de prendre les rênes de sa formation. L’effarement était en effet général en Autriche. Comment le premier parti d’opposition d’un pays d’habitude aussi bien organisé a-t-il pu commettre une telle erreur ? « Je suis sidéré, compter 600 bulletins avec deux noms est une tâche très simple. Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer », a lâché, sur la radio O1, Robert Stein, ancien chef des autorités électorales au sein du ministère de l’intérieur, et lui-même également membre du SPÖ.
Division sur l’immigration
Beaucoup de commentateurs ont vu dans cet épisode humiliant un symbole des troubles traversés par le parti. Après avoir longtemps dominé la vie politique autrichienne, il se déchire sur la ligne à tenir comme nombre de ses homologues européens depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2017. M. Doskozil, le candidat élu pour seulement quarante-huit heures, était un ancien policier, tenant de la ligne dure sur les questions migratoires. Fervent partisan des sociaux-démocrates danois, qui mènent une politique migratoire très restrictive, il a gouverné pendant plusieurs années sa région avec le soutien de l’extrême droite.
A l’inverse, M. Babler, connu pour avoir été élu dans une commune hébergeant le plus grand centre de réfugiés d’Autriche, a fait campagne en défendant l’idée que son pays avait besoin d’« immigration de travail ». « Sinon, nous serions finis en quelques mois ». « Qui sont les gens qui font la vaisselle dans la restauration ? », a-t-il plaidé dans un discours enflammé au congrès, en excluant toute alliance avec l’extrême droite.
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Source: Le Monde