Françoise Gilot, peintre et femme libre, est morte

June 06, 2023
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Françoise Gilot (1921-2023), peintre française et compagne de Pablo Picasso, et sa fille Paloma Picasso (née en 1949). Cannes (Alpes-Maritimes), vers 1952. BORIS LIPNITZKI / STUDIO LIPNITZKI / ROGER-VIOLLET

La peintre et écrivaine française Françoise Gilot est morte mardi dans un hôpital de Manhattan. Elle avait 101 ans. Son décès a été confirmé au Monde par le musée Picasso, dont elle fut la compagne de 1944 à 1953.

Prénommée à sa naissance Marie-Françoise, elle voit le jour le 26 novembre 1921 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) dans une famille bourgeoise d’ingénieurs et de marchands. Initiée à l’aquarelle par sa mère dès 1928, puis par la professeure de celle-ci à partir de 1934, elle dispose de son premier atelier dans l’appartement de sa grand-mère – tout en suivant des cours d’anglais et de philosophie, puis, en 1939, de droit, à l’instigation de son père, peu enclin à la voir devenir artiste. Réticence vaine, puisqu’elle revient à la peinture l’année suivante, dans le Paris de l’Occupation. Le 11 novembre 1940, elle participe à une manifestation antinazie sous l’Arc de triomphe, et est brièvement arrêtée par la police allemande.

Tout en suivant encore, mollement, des cours de droit, elle poursuit sa formation artistique auprès du peintre et photographe hongrois Endre Rozsda (1913-1999). Viennent alors les épisodes qui feront sa légende. En avril 1943, elle rencontre, grâce à une amie d’enfance, l’acteur Alain Cuny. Le 8 mai, elle fait sa première exposition dans une petite galerie parisienne et, le 12, Alain Cuny l’invite à dîner en compagnie de son amie au restaurant Le Catalan. Picasso et Dora Maar sont à la table voisine. Cuny et Picasso se connaissant, les présentations sont faites, et Picasso invite les deux jeunes femmes à visiter son atelier.

Quelques jours plus tard, Françoise Gilot apprend que Picasso est allé voir son exposition et, le 17 mai, les deux amies se rendent chez lui, au 7, rue des Grands-Augustins. Durant l’été, Françoise annonce à ses parents sa décision de se consacrer exclusivement à la peinture et se voit privée de ressources par son père, en guise de rétorsion. Elle donne alors des leçons d’équitation au bois de Boulogne pour vivre, s’inscrit à l’Académie Julian, s’initie à la danse avec une élève d’Isadora Duncan et se rend de plus en plus souvent dans l’atelier de Picasso, où elle rencontre André Malraux, Pierre Reverdy ou Jean Cocteau. Puis, dans les mois qui suivent, elle se tient à distance de Picasso, préférant la compagnie des jeunes artistes du groupe Réalités nouvelles et se réclamant de Sonia Delaunay, Jean Arp, Brancusi et d’autres figures de la modernité.

Françoise Gilot avec Pablo Picasso en 1948 à Paris. AFP

Avec Picasso, « un dialogue intellectuel »

L’insistance de Picasso à la revoir finit cependant par l’emporter. En novembre, ils se retrouvent dans l’atelier de l’imprimeur Mourlot, où il lui révèle des lithographies qui sont, pour la plupart, des portraits d’elle. En février 1946, ils se retrouvent à Golfe-Juan (Vallauris, Alpes-Maritimes) et Picasso la conduit à Nice, chez Matisse, qui lui propose de la peindre à son tour. En mars, ils rentrent ensemble à Paris et, en mai, elle finit par accepter de vivre avec lui.

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Source: Le Monde