" Alerte sur le bio ! " : " Cash Investigation " cherche la petite bête sur France 2
« Alerte sur le bio ! » : « Cash investigation » cherche la petite bête sur France 2 PLTV - FTV
FRANCE 2 – MARDI 6 JUIN – 21 H 10 – MAGAZINE
Dans la période actuelle de défiance généralisée, la rumeur enfle : le bio ne serait pas vraiment bon pour la santé, voire pas vraiment « bio »… Alors que le secteur traverse une crise sans précédent, accentuée par l’inflation, on ne peut que se réjouir que « Cash Investigation » s’empare du sujet. La réputation de pugnacité d’Elise Lucet, qui incarne le magazine, n’étant plus à faire, les téléspectateurs devraient suivre avec intérêt cet épisode, et s’en trouver rassérénés.
Encore faut-il rappeler quelques bases, méconnues, à en croire le micro-trottoir réalisé sur un marché. D’abord, l’agriculture biologique (AB) n’interdit pas tous les pesticides, insecticides ou fongicides, mais uniquement ceux de synthèse. Ensuite, « naturel » ne veut pas dire inoffensif. Les végétales ciguë ou amanite phalloïde sont mortelles. Aussi leur emploi doit-il être encadré et contrôlé.
Il existe ainsi une liste des intrants autorisés dans le bio, certifiée par l’Institut technique de l’agriculture biologique et disponible sur le site du ministère de l’agriculture. Le journaliste François Cardona s’est servi de cette liste d’une soixantaine de substances, déclinées en 392 produits commercialisés, pour mener l’enquête… durant près d’un an. Trois ont attiré son attention : le Bacillus thuringiensis, dit « BT », insecticide biologique le plus répandu dans le monde, le spinosad et le pyrèthre.
Perturbateur endocrinien
Devant sa caméra, des spécialistes, comme Marcel Amichot, chargé de recherche à l’INRA Sophia Antipolis, font part de leurs doutes sur le BT. Au CNRS, Raphaël Rousset étudie les intestins des mouches drosophiles pour évaluer une éventuelle toxicité. Avant de rappeler que le BT reste à la surface des prieurs, contrairement aux pesticides de synthèse, et qu’il suffit de les laver pour éviter tout risque. « Vous trouvez qu’on coupe les drosophiles en quatre ? », interroge avec humour François Cardona.
Face à Elise Lucet, Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), ne se laisse pas déstabiliser. Agriculteur lui-même, il applique en confiance les directives des organismes régulateurs.
Le spinosad est quant à lui suspecté d’être un perturbateur endocrinien, même s’il n’y a pas de preuve formelle. Il est avéré, en revanche, que ce neurotoxique est un « tueur d’abeilles ». Ce qui pose la question de la réglementation et de la limitation de son usage.
Différente, l’enquête sur le pyrèthre est conduite sur les hauts plateaux du Kenya, premier producteur de cette fleur en forme de marguerite et insecticide naturel, non toxique pour les abeilles, pour l’homme et pour les animaux à sang chaud. Le problème, cette fois, ce sont les conditions de production, des lieux de conditionnement jusqu’aux champs, où des femmes, bébé attaché sur le dos, passent leur journée courbées pour un salaire dérisoire.
Néanmoins, « le bio est un progrès, affirme François Cardona au Monde. Ce qu’on souligne ici, ce sont les failles de contrôles, mais pas les usages. Quitte à être exemplaire, autant s’assurer que ces produits [bio] sont sans danger ». Sans couper les drosophiles en quatre.
« Cash Investigation : alerte sur le bio ! », de François Cardona (Fr., 2023, 52 min), suivi d’un débat avec Sophia Majnoni, de la FNAB, Rémi Dumas, viticulteur des Jeunes agriculteurs, Charles Hervé-Gruyer, de la ferme du Bec Hellouin, Christian Huyghe, de l’INRA, Stéphane Marie, de « Silence ça pousse ».
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Source: Le Monde