Les proches du journaliste Mortaza Behboudi se mobilisent pour sa libération

June 06, 2023
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Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, à Lorient (Morbihan), le 16 octobre 2020. QUEMENER YVES-MARIE/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Ne pas lâcher et tenir sur la durée pour que Mortaza Behboudi ne bascule pas dans l’oubli. De Paris à Rennes, de Sainte-Croix-Vallée-Française (Lozère) à Douarnenez (Finistère), les proches du journaliste franco-afghan de 29 ans se mobilisent depuis qu’ils ont appris son arrestation, à Kaboul, par les talibans, le 7 janvier. Par des rassemblements réguliers, le millier de personnes qui constitue ses comités de soutien tente d’alerter l’opinion publique et les responsables politiques pour contribuer à sa libération, alors que les mois défilent.

Respecté par ses pairs pour ses qualités de reporter, de fixeur et d’interprète, Mortaza Behboudi collaborait avec de nombreux médias français et francophones, France Télévisions, Radio France, TV5Monde, Arte, mais aussi Libération et La Croix. Alors que le journaliste s’apprêtait à demander son accréditation, il aurait été accusé d’espionnage par les talibans. Une information toujours au conditionnel, car il n’y a pas de formalisation judiciaire pour le moment.

Lors d’une journée de soutien à la liberté de la presse organisée le 30 mai à Rennes, ses collègues et ses amis ont dressé le portrait d’un journaliste passionné, débordant d’énergie et engagé. « Il a une force de conviction incroyable », raconte Caroline Troin, à la tête du comité de soutien breton, qui l’a rencontré en 2016 lors du Festival de cinéma de Douarnenez, la ville française d’adoption de Mortaza Behboudi. « Il est toujours en lutte pour faire vivre la liberté de la presse en Afghanistan », explique la journaliste Rachida El Azzouzi, de Mediapart. Avec Mortaza Behboudi, elle a notamment cosigné une série de reportages, récompensée en 2022 par le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne de la presse quotidienne nationale.

« Courage » et « professionnalisme »

« Mortaza ne veut pas parler de l’Afghanistan qu’à travers la guerre, mais aussi de sa culture, de son histoire, et de la vie quotidienne des Afghanes et des Afghans », explique son épouse, Aleksandra Mostovaja, une Letto-Danoise de 25 ans qui a mis ses études entre parenthèses pour se consacrer à plein temps à la libération de son mari. « C’est un journaliste autodidacte qui n’oublie pas d’où il vient, qui a vécu l’exil dans sa chair et en a été meurtri », ajoute Mme El Azzouzi.

Mortaza Behboudi a commencé sa carrière comme photoreporter à l’âge de 16 ans, en Afghanistan, son pays natal, avant de se réfugier en France en 2015, après des menaces proférées contre les journalistes. Agé de 21 ans seulement, il est accueilli à la Maison des journalistes, à Paris, y apprend le français, après avoir passé trois mois difficiles à vivre dans la rue. En 2019, il cofonde le site d’information Guiti News pour tenter de proposer un autre regard sur l’exil et l’immigration.

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Source: Le Monde