Polémique à Carnac après la construction d’un Mr Bricolage sur un site de menhirs

June 07, 2023
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Nom d’un menhir ! Qu’a-t-il bien pu se passer à Carnac pour qu’un Mr Bricolage puisse se construire sur un site archéologique répertorié ? C’est la question sur toutes les lèvres dans cette petite commune du Morbihan, connue mondialement pour ses menhirs et ses alignements mégalithiques.

Le lanceur d’alerte dans cette histoire digne d’Astérix est un habitant de Carnac nommé Christian Obeltz. Dans un billet publié vendredi dernier sur Sites & Monuments.org, ce passionné d’archéologie s’est élevé contre des « aménagements brutaux », réalisés durant l’hiver et le printemps 2023 « aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu ».

Un permis de construire a en effet été délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac (Morbihan) à la SAS Au marché des Druides, pour la construction d’un magasin Mr Bricolage au sud de la Zone d’activités de Montauban. Les constructions sont en cours et le bâtiment est déjà en train de sortir de terre, rapporte Ouest-France. Les conséquences sont désastreuses pour le spécialiste local : il s’indigne de la « destruction des 39 menhirs du chemin de Montauban. C’est totalement illégal ! »

Le hic vient du fait que la zone où est actuellement construit le magasin se trouve en réalité sur un site référencé depuis 2015 sur l’Atlas des patrimoines, une plateforme de la Drac permettant de cartographier les sites archéologiques dans toute la France.

À cet emplacement, notamment délimité par un muret, des fouilles avaient permis de faire émerger « sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac, à en juger par les datations carbone 14 obtenues en 2010 sur le site voisin de la ZA de Montauban », rappelle dans son billet Christian Obeltz, précisant qu’une des files de stèles était « exactement dans sa place d’origine depuis 7000 ans ». Le site de Montauban figurait aussi sur la liste indicative du projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui concerne 397 mégalithes des rives de Carnac et du Morbihan, répartis sur 27 communes…

« Si on avait su, on aurait fait autrement ! »

Alors comment un tel couac a-t-il pu se produire ? Selon la mairie, la Drac avait placé le site en zone de prescription dans l’ancien Plan d’occupation des sols (POS). Mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU), de la responsabilité de la municipalité pourtant. « Si on avait su, on aurait fait autrement ! » a réagi le maire de Carnac, Olivier Lepick indiquant ne pas avoir été au courant que la zone était référencée, et renvoie vers la Drac. « Nous sommes extrêmement attentifs à ce genre de choses, nous regardons les zones de préinscription archéologique. Dans ce dossier, de notre côté, nous avons respecté scrupuleusement la législation. » s’est-il défendu auprès du quotidien local.

Source: Le Parisien