La Bourse comme pétrifiée par le relèvement surprise des taux par la Banque du Canada
Par La Rédaction d'Investir
Publié le 7 juin 2023 à 17:44 Mis à jour le 7 juin 2023 à 17:58
Nouvelle séance très calme à la Bourse de Paris, où le Cac 40 clôture sur une note stable (-0,09%, à 7.202,79 points, dans un volume d’échanges faiblard de 2,6 milliards d’euros). Le sentiment de fond reste ballotté au gré des indicateurs macroéconomiques et des décisions de politique monétaire. Cette situation devrait perdurer alors que le verdict sur les taux de la Réserve fédérale américaine n’est attendu que mercredi prochain, un jour avant celui de la Banque centrale européenne. Aujourd’hui, le marché a pris acte de la décision de la Banque du Canada de relever son principal taux directeur de 25 points de base pour le porter à 4,75%, contre un statu quo à 4,5% attendu. Mardi, la banque centrale australienne avait également créé la surprise en relevant ses taux directeurs de 25 points de base à un plus haut de 11 ans.
« Dans l'ensemble, l'excès de demande dans l'économie semble être plus persistant que prévu », a déclaré la Banque du Canada. « La politique monétaire n'a pas été suffisamment restrictive pour rééquilibrer l'offre et la demande et ramener l'inflation, de manière durable, à l'objectif de 2%. » Elle constate que la croissance de l’économie a été plus forte que prévu au premier trimestre et note une reprise de l’inflation et un rebond sur le marché de l’immobilier résidentiel.
A New York, l’indice Nasdaq Composite des valeurs technologiques, le plus sensible aux taux d’intérêt, avait ouvert en légère hausse avant de basculer dans le rouge suivant le verdict des banquiers centraux canadiens. Il perd 0,5% à l’heure de la clôture du Cac 40.
Contre la tendance, Tesla progresse de 2,5%. Le groupe a annoncé sur son site internet que les nouvelles versions de ses modèles 3 et Y étaient éligibles à un crédit d’impôt de 7.500 dollars au titre de l’Inflation Reduction Act. Netflix avance de 2,5% à la suite du relèvement par JPMorgan de son objectif de cours sur le groupe de streaming.
Le ralentissement chinois confirmé
Le marché a dû aussi composer avec les mauvais chiffres du commerce extérieur chinois, qui a accusé une contraction de 7,5% de ses exportations et de 4,5% de ses importations sur un an en mai, ce qui « reflète encore une fois le ralentissement de la demande, tant sur le plan intérieur qu’à l’étranger », observe Craig Erlam, analyste marché sénior chez Oanda. Il s’étonne par ailleurs de « la vitesse à laquelle le boom de la réouverture chinoise s’est dissipé ». Cette contre-performance renforce dans le même temps les anticipations de mesures de soutien de la part de Pékin pour relancer son économie.
Aux Etats-Unis, le déficit commercial s’est creusé à 74,6 milliards de dollars en avril, son plus haut niveau depuis six mois, sous l’effet combiné d’une baisse de 3,6% des exportations et d’une hausse de 1,5% des importations. Les prévisions prudentes de l’OCDE, qui table sur une accélération modérée de la croissance de l’économie mondiale en 2024 confortent également l’attentisme du marché.
Les faucons de la BCE veulent plus de hausses des taux
Si la Fed est entrée en période de blackout, empêchant ses responsables de s’exprimer publiquement, ce n’est pas le cas pour ceux de la BCE. Le Néerlandais Klaas Knot et l’Allemande Isabel Schnabel, tous deux membres du conseil des gouverneurs, ont fait une mise en garde ce matin. Le premier juge que les marchés sont trop optimistes dans leurs anticipations d’inflation, tandis que la seconde a prévenu que l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur l’économie réelle prendra plus de temps qu’habituellement en raison notamment de la pénurie de main-d’œuvre. Christine Lagarde a indiqué hier qu’elle ne voyait pas d’éléments suggérant un ralentissement de l’inflation sous-jacente.
Source: Investir