Au bord de la fermeture, cette boulangerie est sauvée grâce à une initiative de ses clients

April 27, 2023
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Julie Chiriaeff a retrouvé le sourire. La boulangerie qu’elle tient avec son compagnon à Jonchery-sur-Vesle, près de Reims (Marne), ne va pas fermer ses portes. Un soulagement qui met fin à des semaines et des semaines d’inquiétude. En mars 2023, les gérants reçoivent un courrier de la part de leur fournisseur TotalEnergies. Ils apprennent qu’ils doivent débourser 20 000 € pour l’électricité consommée en novembre et décembre 2022. « Une somme astronomique, sachant que l’on dépense normalement 3 600 € pour deux mois », nous explique la trentenaire.

Aussitôt, le couple contacte son fournisseur pour demander une justification. « C’était incompréhensible car nous avions même diminué notre consommation par rapport à l’année précédente. » Mais il ne reçoit aucune réponse. S’ensuivent beaucoup d’interrogations et de nuits blanches. « Ça a été un vrai coup de massue car on ne pouvait pas payer tout simplement. » Julie Chiriaeff et son conjoint Jonathan redoutent de devoir mettre la clé sous la porte. « Si on avait fermé, on se serait retrouvés à la rue car nous vivons sur place. On aurait tout perdu », assure la mère de jumeaux âgés de 7 ans.

« Personne ne voulait qu’on ferme »

Désespérée, la commerçante décide alors d’afficher la facture sur la devanture de son magasin et sur les vitrines à l’intérieur. « On entend beaucoup parler des difficultés des boulangers mais je voulais que les gens comprennent que ça n’existe pas qu’à la télévision. » Les clients ne tardent pas à réagir. « Ils étaient tous très choqués. Personne ne voulait qu’on ferme. » Ils proposent aux gérants de lancer une cagnotte en ligne afin de les aider à réunir les 20 000 € réclamés. « Au début, j’ai refusé car ce n’est pas du tout mon style de demander de l’aide. » Mais le risque de tout perdre est bien trop fort.

Julie Chiriaeff se laisse convaincre et ouvre cette fameuse cagnotte participative dans l’espoir de garder la tête hors de l’eau. « Nous n’avions rien à perdre. C’était vraiment notre seule bouée de secours. » Parallèlement, elle écrit à des élus pour les alerter sur l’avenir de son entreprise. Elle adresse un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ainsi qu’à Laure Miller, députée de la Marne pour la majorité présidentielle.

Une ristourne de 18 000 €

Après de longues semaines d’angoisse et des courriers restés sans réponse, les gérants de la boulangerie Pain et Passion ont reçu une bonne nouvelle jeudi 20 avril 2023. Un appel de TotalEnergies qui a tout changé. « Ils nous ont annoncé qu’ils allaient annuler une grosse partie de la facture, à savoir 18 000 €. Je n’y croyais pas, je les ai fait répéter », se souvient la trentenaire, qui a aussitôt interrompu la cagnotte Leetchi. Les plus de 2 000 € récoltés serviront à régler la facture allégée.

Julie Chiriaeff et son conjoint n’ont reçu aucune explication de la part de leur fournisseur. Ils pensent que l’entreprise a décidé d’agir car leur histoire a largement été relayée par les médias français après avoir été révélée par L’Union . « Mais si la boutique reste ouverte, c’est surtout grâce à nos clients, lance la boulangère. Sans leur initiative, personne n’aurait parlé de nous. Et nous n’aurions peut-être jamais été contactés par TotalEnergies. Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui nous ont apporté leur soutien. »

« On se verse qu’un salaire sur deux »

Si la mère de famille dort plus paisiblement depuis une semaine, elle reconnaît qu’elle reste inquiète concernant l’avenir de la boulangerie qu’elle a repris avec Jonathan il y a bientôt trois ans. « Nous sommes soulagés mais pas totalement sereins », résume-t-elle. La professionnelle évoque notamment les tarifs des matières premières qui ne cessent de bondir. « Cela ne s’arrête jamais. Nous avons été obligés d’augmenter nos prix en boutique à trois reprises… »

À contrecœur, les commerçants ont également été contraints de se séparer de leur pâtissière car ils ne pouvaient plus la rémunérer. Ils emploient aujourd’hui une vendeuse et une apprentie en pâtisserie. « On se verse qu’un salaire sur deux pour faire des économies », ajoute Julie Chiriaeff en soupirant. En attendant des jours plus heureux, ils continuent de servir leurs fidèles clients avec le sourire, et toujours avec passion.

Source: Ouest-France