Affaire de chantage à Saint-Etienne : le maire Gaël Perdriau joue la carte politique face aux juges d’instruction

April 27, 2023
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Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, lors d’un discours au conseil municipal, le 26 septembre 2022. OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP

Le maire de Saint-Etienne n’aurait jamais vu, ni détenu, et encore moins commandité la vidéo à caractère sexuel qui a miné la vie de son premier adjoint durant sept ans. Telle est la ligne de défense que tient Gaël Perdriau, 50 ans, lors de son interrogatoire de première comparution, dont Le Monde a eu connaissance. « Je suis le maire de la 13e ville de France, de la 15e métropole, et j’ai autre chose à m’occuper que de sexe entre mes adjoints », réplique l’élu, face à trois juges d’instruction, le 6 avril au palais de justice de Lyon. « Ne pas détenir, ne pas voir, ne signifie pas ne pas s’en servir », pointent les magistrats.

L’échange résume la tonalité des quatre heures trente d’audition, au terme desquelles M. Perdriau (exclu du parti Les Républicains) est mis en examen pour « chantage », suspecté d’avoir menacé de diffuser la « sextape » en contrepartie de la passivité politique de Gilles Artigues, premier adjoint et ancien député de la Loire (UDI). Il est placé sous le statut de témoin assisté concernant le « détournement de fonds publics », en l’espèce deux subventions de 20 000 euros, puisées dans la réserve budgétaire du maire en dehors des circuits courants, qui auraient servi à rémunérer les auteurs du montage.

L’élu tente d’imposer une réponse politique aux questions judiciaires. « Vous ne pouvez tout de même pas penser que je fais chanter les 46 membres de la majorité », déclare-t-il. Elu en 2014, confortablement réélu en 2020, M. Perdriau affirme qu’il ne craint aucun adversaire, encore moins son adjoint. Gaël Perdriau remarque que, depuis la fin de son mandat de député, en 2007, Gilles Artigues « a tout perdu » alors même que lui a « gagné avec 60 % en 2020 », aux municipales. « Gilles Artigues a beaucoup plus besoin de moi pour exister politiquement que le contraire, il me doit sa survie politique compte tenu de ses résultats aux dernières élections », s’enorgueillit le maire de Saint-Etienne, décrivant un adjoint qui « insistait pour faire les trajets avec [lui] dans [sa] voiture ».

« Le bruit et l’écume »

Les juges lui rappellent ses propos, enregistrés par Gilles Artigues, qui cherchait à se sortir du piège. « On n’est pas obligé de les diffuser publiquement », disait le maire, menaçant de donner des extraits « en petits cercles avec parcimonie ». Gaël Perdriau retourne la situation, se disant victime : « Je voudrais juste souligner que, s’il ne m’avait pas enregistré illégalement pendant toutes ces années, y compris dans ces moments de colère, de manière réfléchie et organisée, ce sujet n’aurait jamais existé. »

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Source: Le Monde