En Hongrie, le pape François veut dénoncer " les vents glaciaux de la guerre "

April 27, 2023
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Le Pape Francois, devant un drapeau hongrois lors du Congrès eucharistique international, à Budapest, le 12 septembre 2021. ATTILA KISBENEDEK / AFP

Cent trois kilomètres de frontière surplombée par l’imposant massif des Carpates. Pour saisir le contexte prégnant de la visite du pape François en Hongrie, du vendredi 28 au dimanche 30 avril, il faut regarder dans cette direction. Au pied de la chaîne montagneuse d’Europe centrale et orientale se rencontrent en effet les territoires hongrois et ukrainiens. Une géographie bien opportune pour le 41e voyage apostolique de Jorge Bergoglio, qui ne cesse de lancer des appels à la paix depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022.

« Je vous demande à tous de m’accompagner avec vos prières dans ce voyage » au « centre de l’Europe, sur laquelle continuent de s’abattre les vents glaciaux de la guerre, alors que les déplacements de tant de personnes mettent à l’ordre du jour des questions humanitaires urgentes », a demandé François aux fidèles rassemblée place Saint-Pierre, dimanche 23 avril. « N’oublions pas nos frères et sœurs ukrainiens encore affligés par cette guerre », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Eglise catholique, qui ne s’est pas rendu à Kiev, contrairement à nombre de dirigeants occidentaux, devrait, selon toute vraisemblance, évoquer la guerre en Ukraine avec le premier ministre hongrois, Viktor Orban. Les deux hommes doivent se voir juste après l’atterrissage de François à Budapest, vendredi matin. Leur rencontre sera particulièrement scrutée, tant leurs rapports ont jusqu’ici été froids, voire tendus. En septembre 2021, à l’occasion d’un rapide passage du pape à Budapest, où se tenait un congrès eucharistique, ils s’étaient entretenus brièvement à l’abri de la presse. Au cœur de leur discorde figurent la version identitaire du christianisme mise en avant par M. Orban et sa politique très restrictive envers les migrants, propre à ulcérer François, qui appelle au contraire à les accueillir, depuis son élection en 2013.

Renvoyer dos à dos Moscou et Kiev

Mais entre eux, si les désaccords persistent, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a changé la donne. Pour François, d’un coup, Viktor Orban, dont les opinions sur la guerre en cours sont proches des siennes, est « redevenu fréquentable », remarque un diplomate en place auprès du Saint-Siège.

Le souverain pontife, qui a mis plusieurs mois à reconnaître la légitimité de la défense ukrainienne et des livraisons d’armes à Kiev par les pays occidentaux, considérant qu’elles alimentent la guerre, n’a cessé de renvoyer dos à dos Moscou et Kiev. Il estime aujourd’hui qu’il faut faire taire les armes. Une position proche de celle de M. Orban, qui aime à se présenter comme un membre « du camp de la paix » face à un « Occident » qui aurait choisi « le camp de la guerre », appelle à un cessez-le-feu immédiat et à des négociations.

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Source: Le Monde