L’Australie unie derrière le lanceur d’alerte Julian Assange

June 09, 2023
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LETTRE DE SYDNEY

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, à Londres, le 1er mai 2019. DANIEL LEAL-OLIVAS/AFP

Les traits tirés après un long vol intercontinental, Stella Assange, avocate et épouse du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, prend une profonde inspiration avant de prononcer son tout premier discours sur le sol australien, lundi 22 mai, devant le Club national de la presse de Canberra. « La vérité, c’est que j’éprouve des sentiments mitigés à l’idée d’être ici, car j’avais toujours imaginé que ma première visite (en Australie) se ferait avec Julian et les enfants, commence la mère des deux plus jeunes fils du lanceur d’alerte, émue mais déterminée. Je ne voulais pas perdre l’occasion de m’adresser à vous car nous sommes maintenant dans une phase finale. Julian a besoin de sa liberté de toute urgence et l’Australie joue un rôle crucial pour obtenir sa libération », poursuit-elle, droite dans son tailleur violine.

Pendant plus de dix ans, Canberra a accordé un appui minimum à son ressortissant, lui offrant ni plus ni moins que l’aide consulaire à laquelle a droit tout Australien aux prises avec un système judiciaire étranger, s’abritant régulièrement derrière le principe du respect de l’indépendance du processus judiciaire pour ne pas faire davantage.

Cette approche a progressivement évolué, à partir du printemps 2022, après l’arrivée au pouvoir du premier ministre travailliste, Anthony Albanese, qui, estimant que l’incarcération du cyberactiviste avait trop duré, a entrepris de plaider sa cause auprès de l’administration américaine. « Ma motivation (…) n’est pas de porter un jugement. Les gens auront des opinions différentes sur les actions de Julian Assange mais cela n’empêche pas de conclure qu’assez, c’est assez », a notamment expliqué le leader de centre gauche, le 22 mai.

Un tournant majeur

Depuis début mai, Julian Assange bénéficie aussi et surtout, et pour la première fois, du soutien quasi unanime de la classe politique de son pays. L’opposition de droite a finalement décidé de joindre sa voix à tous ceux qui réclamaient déjà sa libération. « Je pense que cela dure depuis trop longtemps », a ainsi appuyé, le 5 mai, Peter Dutton, le chef du Parti libéral. Il a également promis de participer aux efforts menés par le gouvernement, à travers ses canaux diplomatiques, pour trouver une solution.

Cette prise de position marque un tournant majeur pour le camp conservateur, dont les leaders successifs n’avaient jamais exprimé beaucoup de sympathie à l’égard de leur concitoyen, aux prises avec Washington depuis la publication, en 2010, par WikiLeaks, de documents classifiés sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan révélant des violations des droits de l’homme. Canberra entretient une relation stratégique particulièrement étroite avec les Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale. La coopération entre les deux pays s’est encore renforcée ces dernières années, face à la montée en puissance de la Chine dans l’Indo-Pacifique.

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Source: Le Monde