Silvio Berlusconi à la tête du Milan AC : une révolution pour le Calcio et un tremplin vers le pouvoir

June 12, 2023
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Silvio Berlusconi, au milieu des joueurs du Milan AC, après la victoire contre Liverpool lors de la finale de la Ligue des champions de football, le 23 mai 2007, au stade olympique d’Athènes. LUCA BRUNO / AP

« Je descends sur le terrain. » En janvier 1994, les mots utilisés par Silvio Berlusconi, mort lundi 12 juin 2023, pour annoncer qu’il se lance en politique, ne doivent rien au hasard. En utilisant cette métaphore sportive, celui qui est alors président du « grand » Milan AC veut montrer que les recettes victorieuses qu’il a appliquées dans le sport peuvent se décliner en politique. N’a-t-il pas amené un club de football au sommet (cette année-là, les Rossoneri allaient remporter leur cinquième Ligue des champions, la troisième de l’ère Berlusconi) ? Pourquoi ne pourrait-il pas faire de même avec le pays et l’amener à la table des grandes nations ? D’ailleurs, en appelant son parti Forza Italia (équivalent d’« Allez les Bleus » en France), Berlusconi voit plus loin et veut bâtir une nation de supporteurs. Les résultats politiques seront beaucoup plus mitigés qu’en football.

Dès 1995, Manuel Vazquez Montalban, auteur catalan fin connaisseur de football et de politique, s’interroge dans les colonnes du Monde diplomatique : « Silvio Berlusconi aurait-il réussi à présider le gouvernement de l’Italie sans l’aide du club de football Milan AC et de ses joueurs mythiques, Van Basten, Gullit, Rijkaard… ? (…) Les jeunes, à l’heure de voter Berlusconi, ont élu avant tout le “gagneur” en affaires et le stratège des glorieuses victoires du Milan AC. »

Car, quand il part à l’assaut du pouvoir, Berlusconi – natif de Milan – est, certes, connu pour être un homme de médias et un entrepreneur, mais les Italiens l’identifient surtout comme celui qui fait rayonner le foot italien à l’étranger. Président du Milan AC depuis 1986, il en a pris possession alors que l’équipe lombarde était au bord de la faillite.

Pas question, pour lui, de jouer les remplaçants. Certes, à son arrivée à la tête du club, le Milan AC avait déjà une grande histoire derrière lui. Mais cela n’empêche pas le magnat de la télévision et de l’immobilier, alors âgé de 50 ans, de vouloir imposer sa marque, jouant la carte de la modernité et changeant en profondeur le club. Il investit des milliards de lires dans les infrastructures – Milanello, le centre d’entraînement, devient un modèle de modernité – et dans les recrutements.

Il confirme Franco Baresi comme clé de voûte de l’équipe et engage à tour de bras. Avant même l’arrêt Bosman, qui libéralisera les transferts de joueurs en Europe en 1995, Berlusconi et « son » Milan font venir les Néerlandais Ruud Gullit, Marco Van Basten et Frank Rijkaard. D’autres figures émergent également au même moment : Paolo Maldini, Carlo Ancelotti, Roberto Donadoni, Alessandro Costacurta et Demetrio Albertini.

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Source: Le Monde