Drame de Plonévez-du-Faou : vive émotion à Saint-Herbot et au collège d’Huelgoat
Une mère et sa jeune fille remontent la rue du collège Jean-Jaurès à Huelgoat (29). Les traits sont tirés et les visages sont graves. « Solaine était la meilleure amie de ma fille, explique la maman. Elles étaient dans la même classe, en sixième. C’est sa grande sœur qui lui a annoncé la triste nouvelle hier après-midi. Elle l’avait apprise avec des amies rencontrées peu de temps avant. Depuis ma fille ne cesse de pleurer quand on parle de ce drame. Solaine était très sympathique. Une fille vraiment rayonnante. Tout allait bien pour elle. Elle devait participer ce mardi à une sortie pique-nique de fin d’année. Les cœurs sont vraiment lourds ».
Un peu plus loin, un père de famille attend son garçon inscrit, lui aussi, en sixième. « On était sur l’intense émotion de ce qui s’est passé à Annecy. Jamais je n’aurais imaginé qu’un acte aussi odieux soit commis près de chez moi. J’ai toujours pensé que les gens qui s’installaient ici recherchaient la tranquillité, la bienveillance. Mon fils a appris le drame hier en fêtant son anniversaire avec ses copains du rugby. Il est vraiment sous le choc ». Selon ce père de famille, tout le monde se connaît dans ce petit collège de 140 élèves. « Nombreux sont ceux qui se suivent depuis la primaire. Les liens sont très étroits ».
Pour venir en aide aux enfants, extrêmement troublés par les faits, une cellule psychologique a été mise en place. « Pas mal d’élèves ont demandé à être pris en charge souligne une personne de l’équipe pédagogique ». Le conseiller principal d’éducation et la principale de l’établissement -que nous avons contactée et qui n’a pas souhaité s’exprimer- ont également pris la parole devant les élèves pour leur exposer la situation.
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Des journalistes anglais sur place
À 8 km de là, à Saint-Herbot où habitait Solaine, le village était on ne peut plus silencieux en ce lundi après-midi, après les nombreux allers et retours, la veille, des gendarmes enquêtant sur cette affaire. Vers 14 h, de nouveaux journalistes de la presse anglaise arrivaient sur les lieux. « Depuis hier matin, cette fusillade fait les gros titres chez nous », soulignent deux envoyés spéciaux du Télégraph et du Times qui travaillaient sur l’affaire de l’attaque d’Annecy il y a quelques heures. « Les gens chez nous sont très sensibles aux affaires où les victimes sont d’origine anglaise et vivent à l’étranger. Toute la communauté se sent concernée ».
Des fleurs ont été déposées sur le pas de la porte de la famille anglaise. (Le Télégramme/Didier Déniel)
« On ne règle pas ça à coups d’arme à feu »
À quelques mètres de là le facteur poursuit sa tournée. Solaine, il en garde un très beau souvenir. « Elle était très souriante. Quelques jours avant Noël, je devais lui livrer un colis. Elle m’attendait de pied ferme devant chez elle. Quand je lui ai remis son carton, elle semblait être la plus heureuse des petites filles du monde. La famille était vraiment appréciée ici ».
C’est ici que le drame s’est noué samedi soir. La famille profitait de cette belle soirée de printemps quand leur voisin a commis l’irréparable. (Le Télégramme/Didier Déniel)
Le soir du drame, Adrian, Raechel, Solaine et Celeste, la cadette, profitaient pleinement de cette belle soirée de printemps avant que tout ne vire au drame. « Ils riaient et passaient du bon temps ensemble », témoigne un voisin très proche. Les filles jouaient sur le trampoline et le pneu accroché à un grand chêne situé en bordure de la propriété de Dirk Raats, le tueur présumé, mis en examen ce lundi pour assassinat et tentative d’assassinat, et de sa compagne, lui de nationalité néerlandaise et elle de nationalité belge. « On parle d’un conflit de bornage. Je n’y crois pas un seul instant. Les deux terrains sont bien délimités », poursuit ce retraité en montrant la limite bien visible des parcelles. « Quand bien même, il y aurait eu un problème, on ne règle pas ça à coups d’arme à feu. La vie d’une enfant s’est envolée. Et son père est toujours entre la vie et la mort. Quelle tragédie ! »
Source: Le Télégramme