Au Royaume-Uni, une enquête démarre sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 par le gouvernement

June 13, 2023
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L’ancien premier ministre britannique Boris Johnson (au centre), l’ex-secrétaire britannique à la santé Sajid Javid (à gauche) et l’ex-chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak (à droite), lors d’une visite au New Queen Elizabeth II Hospital, à Welwyn Garden City, au nord de Londres, le 6 avril 2022. FRANK AUGSTEIN / AFP

Les premières auditions publiques dans le cadre de l’enquête sur la gestion par le gouvernement britannique de la pandémie de Covid-19, qui a fait au moins 220 000 victimes depuis mars 2020, devaient débuter mardi 13 juin, à Londres. Mise sur les rails tardivement, en juillet 2022, par Boris Johnson, après des mois de lobbying de la part des associations de familles de victimes, cette enquête est la plus ambitieuse du genre jamais lancée au Royaume-Uni. On la compare déjà à celle sur le Bloody Sunday, le massacre par l’armée britannique de civils irlandais, à Derry-LondonDerry en 1972. Décidée en 1998 par Tony Blair, elle dura dix ans, coûta plus de 200 millions de livres sterling aux contribuables britanniques, mais constitua une étape importante dans le processus de réconciliation nord-irlandais.

Présidée par une magistrate respectée – la baronne Heather Hallett, ancienne juge de cour d’appel, qui avait dirigé l’enquête sur les attentats de Londres du 7 juillet 2005 –, cette commission d’enquête sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 n’a pas le pouvoir de porter des accusations criminelles ou civiles contre des individus, et ses recommandations ne sont qu’indicatives.

Mais elle est dotée de pouvoirs considérables : elle peut convoquer des personnes pour témoigner sous serment, exiger tous documents « pertinents » dans le cadre de son travail, y compris les correspondances privées. Seront d’abord entendus cette semaine des experts, des juristes et des spécialistes du management des situations de crise, ou encore Sir Michael Marmot, grand spécialiste des inégalités face à la santé, le 16 juin.

Des investigations jusqu’en 2026

Mais dans le cadre des travaux de la commission sur l’état de préparation du pays quand la pandémie l’a frappé, en mars 2020, seront aussi probablement interrogés d’ici à la mi-juillet des décideurs politiques de premier plan : ceux qui présidaient au destin du Royaume-Uni dans les années 2010, quand le pays aurait dû se tenir en alerte. La commission ne publie son programme d’auditions que d’une semaine sur l’autre, mais tous les médias nationaux s’attendent aux convocations de l’ancien premier ministre (entre 2010 et 2016) David Cameron, de son chancelier de l’Echiquier, George Osborne, ou du ministre de la santé entre 2012 et 2018, Jeremy Hunt, l’actuel chancelier de l’Echiquier du premier ministre, Rishi Sunak.

Lors des trois modules suivants – processus de décision et gouvernance politique, impact de la pandémie sur les systèmes de santé et enfin campagnes vaccinales et traitements – défileront aussi probablement l’ex-premier ministre Boris Johnson, son ministre de la santé Matt Hancock, ou encore Rishi Sunak, son chancelier de l’Echiquier jusqu’à mi-2022. A l’été 2020, pour aider à la relance du secteur hôtellerie-restauration, complètement sinistré, M. Sunak avait promu le « Eat Out to Help Out », un système de réductions pour inciter les Britanniques à consommer qui avait été critiqué pour avoir contribué à une deuxième vague d’infections…

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Source: Le Monde