Donald Trump comparaît en Floride pour détention illégale de documents classifiés
Des partisans de Donald Trump devant le tribunal de Miami avant sa comparution, le 13 juin 2023. GIORGIO VIERA / AFP
L’ancien président des Etats-Unis Donald Trump est arrivé mardi 13 juin dans un tribunal fédéral en Floride pour une comparution historique et à haut risque : il doit être inculpé pour sa gestion négligente de secrets d’Etat après son départ de la Maison Blanche.
Le milliardaire de 76 ans, qui rêve de revenir à la tête des Etats-Unis en 2024, est convoqué devant un juge à Miami à 15 heures (21 heures, à Paris) pour se voir notifier les trente-sept charges retenues contre lui. Après avoir subi les mêmes formalités que tout prévenu, dont une prise d’empreintes digitales, il devrait plaider non coupable dans ce dossier potentiellement très dommageable pour sa campagne.
Il est accusé d’avoir mis la sécurité des Etats-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, dont des plans militaires et des informations sur des armes nucléaires, dans des toilettes ou des débarras de son club de luxe à Mar-a-Lago, en Floride. Il lui est également reproché d’avoir refusé de restituer ces documents malgré des injonctions judiciaires, ce qui lui vaut d’être inculpé pour « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », mais aussi pour « entrave à la justice » et « faux témoignage ».
Quelques dizaines de manifestants devant le tribunal
Depuis sa mise en cause, le républicain dénonce « un coup monté » orchestré pour l’écarter du chemin du président américain, Joe Biden (Parti démocrate), lui aussi en lice pour un second mandat. A quelques heures de l’audience, il a renouvelé ses critiques envers le « ministère de l’injustice » et le procureur spécial, Jack Smith, chargé du dossier, qu’il a qualifié de « malfrat » et « lunatique ». En parallèle, son équipe de campagne a multiplié les mails à ses partisans pour les encourager à contribuer financièrement à sa défense.
Malgré les vives protestations de ses alliés, qui ont relayé massivement son discours ces derniers jours, seuls quelques dizaines de manifestants s’étaient déplacés mardi devant le tribunal de Miami pour protester contre son inculpation. La tête couverte d’une perruque blonde, en référence à la chevelure de M. Trump, ou plus souvent d’une casquette rouge « Make America Great Again », ils ont dénoncé les poursuites contre l’ancien président devant une armée de journalistes.
C’est la première fois qu’un ancien président américain est inculpé au niveau fédéral et les autorités locales ont mis les moyens pour éviter tout débordement. Mais Donald Trump a déjà connu l’épreuve d’une comparution au tribunal : début avril, il a été inculpé par la justice de l’Etat de New York pour plusieurs fraudes comptables en lien avec un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films X, qui dit avoir été sa maîtresse.
Cette fois encore, il devra se soumettre aux mêmes formalités que toute personne mise en cause par la justice : livrer son adresse, son numéro de sécurité sociale, ses empreintes digitales… Selon une source judiciaire, une photo de lui sera enregistrée dans le système informatique du tribunal, mais ne sera pas rendue publique. Et contrairement à ce qui s’était passé à New York, aucun journaliste ne pourra le filmer ou le prendre en photo dans l’enceinte du tribunal. Donald Trump a toutefois donné rendez-vous à ses fidèles dans le New Jersey le soir même, pour une allocution prévue à 20 h 15 (2 h 15 mercredi, à Paris).
D’autres enquêtes menacent Donald Trump
Des supporteurs de Donald Trump, à Miami, Floride, le 13 juin 2023. GIORGIO VIERA / AFP
Aux Etats-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre interdit de conserver des secrets d’Etat dans des lieux non autorisés et non sécurisés. A son départ de la Maison Blanche en janvier 2021, Donald Trump a pourtant emporté des dizaines de cartons remplis de dossiers.
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D’après l’acte d’accusation, ils ont été empilés dans plusieurs endroits facilement accessibles, dont une salle de bals ou des toilettes, et déplacés à plusieurs reprises. En janvier 2022, après plusieurs relances, l’ancien président a accepté de restituer des boîtes contenant près de 200 documents classifiés, mais en a conservé secrètement. Pour les récupérer, des agents du FBI ont effectué une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago le 8 août 2022 et ont saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11 000 documents.
Donald Trump n’en a probablement pas fini avec les problèmes judiciaires. Une procureure de Géorgie doit annoncer d’ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu’il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020. Jack Smith enquête en parallèle sur son rôle dans l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021. Quant au procès pénal de l’ancien président à New York, il pourrait être organisé début 2024, au milieu des primaires républicaines, dont il est actuellement le grand favori.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde
