Bègles veut expérimenter la légalisation du cannabis récréatif
Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles (Gironde), aux Journées d’été des écologistes, le 20 août 2020 à Pantin (Seine-Saint-Denis). CHRISTOPHE MORIN / IP3 PRESS / MAXPPP
Tout est parti d’un tweet. En janvier, le maire de Bègles, commune de la métropole bordelaise, Clément Rossignol-Puech (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), découvre le dernier rapport du Conseil économique social et environnemental (CESE). Intitulé « Cannabis : sortir du statu quo, vers une légalisation encadrée », celui-ci se penche favorablement sur la question de la légalisation, et fait immédiatement réagir l’édile béglais. « J’ai eu une réaction épidermique. Je me suis dit, encore un rapport national pertinent qui va servir à caler une armoire ! Alors que nous, maires, sommes confrontés au trafic de stupéfiants – et principalement de cannabis, et c’est de pire en pire », explique-t-il.
Alors, Clément Rossignol-Puech tweete. Il annonce proposer à Emmanuel Macron de faire de sa commune « le premier territoire d’expérimentation pour la culture, la vente et la consommation encadrée du cannabis récréatif ». Immédiatement, ce tweet prend une ampleur médiatique. Et le projet est lancé. « C’est sorti comme ça, explique-t-il. Je connaissais le sujet, mais je n’avais pas travaillé sur la question de l’expérimentation locale. J’en ai débattu avec mon équipe, qui est solidaire et convaincue. »
Alors, il écrit à Emmanuel Macron pour officialiser sa demande. « L’idée n’est pas de faire un buzz médiatique, se défend le maire de Bègles, mais de faire avancer la réflexion et d’aller jusqu’à l’expérimentation, car je pense que c’est une manière de sortir de l’ornière dans laquelle nous nous trouvons, en termes de législation, de l’usage et de la gestion du cannabis en France. » Pour Clément Rossignol-Puech, « ça va faire bouger les lignes, j’en suis persuadé, parce que le sujet est mûr, et pour sortir de la caricature du tout-répressif que nous connaissons actuellement ».
Expérimentation collective
Depuis janvier, il a poursuivi l’analyse du sujet, notant par exemple que le marché de ce stupéfiant représente entre 2 milliards et 4 milliards d’euros « aux mains du trafic parallèle », pour 1 million de consommateurs très réguliers, sinon quotidiens. Selon l’élu, l’objectif de cette expérimentation est d’aller vers la légalisation encadrée, et non vers la prohibition. « On a la législation pratiquement la plus répressive d’Europe et le plus grand nombre de consommateurs d’Europe, et l’on continue de s’enferrer dans la répression. Quatre-vingts pour cent des financements publics sont pour la répression, 20 % pour la prévention, on voit bien que ça ne marche pas », déplore l’élu écologiste.
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Source: Le Monde