Fonds Marianne : " Je ne suis pas une amie de monsieur Sifaoui ", se défend Marlène Schiappa

June 14, 2023
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C’était une « audition particulièrement attendue », selon Claude Raynal, le président de la commission d’enquête du Sénat. « Heureuse de pouvoir répondre pour la première fois aux commentaires », Marlène Schiappa est entendue mercredi sur son rôle et sa responsabilité dans le « dossier du fonds Marianne. » En introduction, l’actuelle secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire, à l’initiative de la création du fonds contre le séparatisme en 2021, prévient qu’elle « n’aura sans doute pas réponse à tout. » En effet, elle botte souvent en touche, assurant qu’elle ne comprend pas telle ou telle question.

Marlène Schiappa reste néanmoins ferme sur un point. Interrogée sur sa relation avec le journaliste Mohammed Sifaoui, perquisitionné dans le cadre de cette commission d’enquête mardi et auditionné mercredi matin par la police, la secrétaire d’Etat affirme qu’elle n’est « pas une amie de monsieur Sifaoui ». « Il est difficile de démontrer que je ne suis pas amie avec quelqu’un », mais « je n’ai aucune relation personnelle d’aucune sorte avec monsieur Sifaoui, je n’en ai jamais eue. Je ne suis pas membre de mêmes organisations. Je n’ai pas l’occasion de [le] rencontrer dans aucun lieu privé, ni dans une activité sportive. Je ne connais pas sa vie personnelle, il ne connaît pas la mienne. Nous ne sommes pas anciens associés, et nous n’avons pas d’intérêts communs, nous ne sommes membres d’aucune organisation » en commun, insiste-t-elle.

Marlène Schiappa dément avoir « priorisé » Mohammed Sifaoui

L’association de Mohammed Sifaoui, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), a bénéficié de la plus grosse somme du fonds Marianne (355.000 euros). Un juge d’instruction est chargé depuis le 4 mai d’une enquête pour « détournement de fonds publics, détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d’intérêts relative à la gestion du fonds Marianne. » La commission d’enquête s’intéresse, elle, au rôle qu’a pu avoir l’ancienne ministre déléguée à la Citoyenneté, dans l’attribution de cette somme à l’USEPPM après la publication du rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) dénonçant, entre autres, le « traitement privilégié » par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) de la principale association bénéficiaire.

Dans cette affaire, Marlène Schiappa est-elle intervenue d’une manière ou d’une autre dans le processus de sélection des 17 associations lauréates ? Et en particulier auprès de l’USEPPM ? Mohammed Sifaoui avait lui même assuré qu’il avait été encouragé à postuler « par les membres du cabinet de Mme Schiappa et par elle-même. » Ce que la secrétaire d’Etat ne dément pas. Si elle affirme qu’elle n’a pas « demandé ou passé commande à ce que monsieur Sifaoui soit priorisé ou mis au-dessus de la pile », elle a bien pu encourager le journaliste à déposer un dossier, comme elle assure le faire encore aujourd’hui pour de nombreuses associations.

En revanche, l'ancienne ministre a bien donné un avis dévarobable en ce qui concerne SOS Racisme, association écartée de la sélection pour les subventions. « C'est un avis que j'émets et ensuite le comité de sélection fait une liste », a-t-elle précisé. Elle dément toutefois avoir quelconque « désaccords personnels avec le président de SOS Racisme » mais sans expliquer son choix.

Des « difficultés » sur le calendrier

Durant la première partie de cette audition, Marlène Schiappa n’a pas eu réponse à tout. Notamment à une question du rapporteur de la commission d’enquête, Jean-François Husson (LR) portant sur la chronologie des faits. S’appuyant sur des mails du cabinet de l’ancienne ministre déléguée à la Citoyenneté, le sénateur fait remarquer qu’une somme proche (300.000) de celle octroyée finalement à l’USEPPM a été proposée le 13 avril 2021, soit avant le dépôt officiel de subvention. De plus, la première demande de subvention datée du 9 avril par l’USEPPM était à l’origine de 635.000 euros et a donc été réduite trois jours plus tard. Mais dès le 6 avril, déjà, Marlène Schiappa avait émis son avis sur la somme de 300.000 euros affirmant que c’était « énormissime ».

La question « démontre ou pas que le cabinet a questionné [Marlène Schiappa] sur un montant avant même que tout dossier soit déposé au CIPDR, la demande en réelle arrive après, ce qui tend à dire qu’il y a eu une décision préalable de [son] cabinet de soutenir cette association avant même de recevoir quelque dossier que ce soit », résume le président de la commission d’enquête, Claude Raynal (PS). Face à cette interrogation, Marlène Schiappa botte en touche : « Selon ce dont je dispose comme faits, manifestement les membres de mon cabinet étaient en soutien de l’initiative portée par monsieur Sifaoui. Mais je n’ai pas d’élément qui vise à dire que le cabinet aurait décidé de quelque chose avant le comité de sélection. » L’audition se poursuit à la publication de cet article.

Source: 20 Minutes