Collision mortelle au Faouët : le conducteur condamné à huit ans de prison

June 14, 2023
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« La justice doit passer calmement. Il n’est pas question d’accepter que ce procès ne se déroule pas dans un climat serein. » Ce mercredi 14 juin, le président du tribunal de Lorient, où était jugé le conducteur à l’origine de l’accident mortel survenu au Faouët, le lundi de Pâques, donne le ton. Dans la salle, les 25 proches sont serrés sur les bancs, certains avec de grands portraits des victimes. Ils se montrent dignes.

Le 10 avril, à 20 h 50, leur vie a basculé. Anne-Laure Le Doujet, 34 ans, Paolo Le Thiec, 36 ans, établis dans un campement des gens du voyage, à Ploemeur (à côté de Lorient) et leur fillette Aby, cinq ans, rentraient chez eux, après une fête d’anniversaire à Carhaix (29). « Ils n’ont rien pu faire. L’issue était inévitable », tonne une avocate. Les jumeaux de 16 ans et demi de la famille, avec eux à la fête, auraient dû être à bord mais étaient rentrés avec d’autres…

Au lieu-dit Coat-Loret, sur la D769, (axe Lorient-Roscoff), à hauteur du Faouët, ils ont perdu la vie dans le fossé. Leur Citroën Cactus y a été propulsé par un monospace qui avait tenté un « dépassement hasardeux », dira l’expert automobile, malgré la ligne continue. « J’avais tenté de doubler. Je me suis rabattu, ça a tapé », résume le conducteur, Arnaud Drouet, un Plouaysien de 35 ans, dont une avocate dira « avoir l’impression qu’il n’est pas à l’audience ! ».

Le trentenaire roulait avec le Ford S-Max (non assuré) d’un ami et sans permis, faute de points. Des témoins décrivent sa conduite inquiétante « comme s’il était seul sur la route ». Un chauffeur routier relatera « ne jamais avoir été doublé à cette vitesse-là… ». Il évoque 150 km/h au lieu des 80 km/h réglementaires. Une femme parle, elle, d’un « bolide » alors qu’un conducteur a été contraint de se ranger, pour le laisser passer…

Pour Me Appéré, avocat de la famille, « cet accident, c’est « l’overdose : on a alcool, stups, vitesse, pas de permis, pas d’assurance ! ». Fustigeant l’absence de remords, d’empathie et de regrets du trentenaire, il estime que toutes les conditions d’un drame, étaient réunies. « C’est un danger absolu, une bombe à retardement prête à exploser ! », tonne Me Appéré qui dit avoir « attendu, des explications qui ne sont pas venues… ».

De son box, le Plouaysien ne regarde pas la salle. Il explique avoir, en ce lundi de Pâques, déjeuné dans la famille de sa compagne où il avait bu deux verres de whisky et deux autres de vin. Quant au cannabis, il dit en être un consommateur « occasionnel » mais ne pas en avoir consommé ce jour-là.

« Une boule de flipper »

De retour à Plouay, l’ébéniste de métier était passé à une boisson anisée avant que l’envie lui prenne de se rendre chez son ancienne compagne à Priziac, voir sa fille. « Sa nouvelle compagne lui avait signifié qu’il ne pouvait pas prendre le volant mais il l’a fait ! », martèle le procureur Kellenberger, évoquant le cumul d’infractions pénales. « Il a signé l’arrêt de mort de cette famille. Comme une boule de flipper, il est venu percuter sa voiture, de plein fouet ».

Le décrivant comme « une brute, un sauvage qui a une violence ancrée en lui depuis l’enfance », son avocate, Me Drouet, s’est insurgé contre la peine maximale de dix ans de prison requise et demandait qu’il soit « jugé de façon juste ». Déjà condamné à 25 reprises (essentiellement des délits routiers), Arnaud Drouet l’est, cette fois, à huit ans de prison ferme et à cinq ans d’interdiction de conduire tout véhicule à moteur.

Source: Le Télégramme