Le permis à 17 ans, une " mesure qui coûte zéro " mais ne règle pas tous les problèmes de mobilité des jeunes

June 14, 2023
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« Roulez jeunesse ! » A quelques jours de la présentation d’un plan pour la jeunesse, à l’issue d’un Conseil national de la refondation (CNR) dédié à cette question, le gouvernement avance ses pions sur le thème de la mobilité. Une proposition de loi macroniste a déjà été adoptée lundi au Parlement pour mieux informer les jeunes sur le financement du permis de conduire et pour réduire les délais avant l’examen.

Elisabeth Borne a aussi une annonce dans la manche, qui pourrait être dévoilée le 21 juin : abaisser l’âge légal du permis de conduire à 17 ans. Le porte-parole Olivier Véran a confirmé qu’il s’agissait d’une « piste de réflexion ». Pourquoi un tel choix de la part du gouvernement ? Qui est visé par ce changement ? Cette mesure peut-elle être efficace toute seule ? 20 Minutes fait le point.

Pourquoi faire un permis à 17 ans ?

La mesure est « sous les radars » depuis un moment, rapporte franceinfo à qui un ministre s’est confié. Lors du premier quinquennat, un rapport pour rénover la conduite accompagnée était déjà arrivé sur le bureau d’Edouard Philippe. Avant que la crise du Covid ne vienne l’enterrer. Mais plus récemment, ce sont les Républicains qui ont repris la main sur le sujet.

Il y a trois semaines, le groupe à l’Assemblée a déposé une proposition de loi visant à abaisser l’âge pour passer le permis de conduire à 16 ans. Une idée qui figurait déjà dans le programme de Valérie Pécresse à l’élection présidentielle 2022, et qui revient régulièrement à droite. A la recherche d’une alliance avec LR pour la suite du quinquennat, le gouvernement fait peut-être là un pas vers la droite.

A qui s’adresse cette mesure ?

Avant toute chose, le permis à 17 ans « peut être utile à beaucoup de jeunes en apprentissage ou en formation », estime Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut). Dans les zones rurales, mais aussi « dans les petites ou les villes moyennes », « les jeunes n’ont pas forcément accès aux transports publics dont ils ont besoin », pointe-t-il.

La mesure vise donc avant tout les jeunes en insertion professionnelle, qui ont davantage besoin d’un outil « d’autonomie » pour rejoindre leur entreprise que de ramassage scolaire, alors qu’Emmanuel Macron veut atteindre un million d’apprentis par an en 2027.

Pour Marie Chéron, responsable Politiques véhicules chez Transport & Environment France, « c’est une mesure qui coûte zéro et qui s’adresse à la jeunesse ». Passer le permis plus jeune pourrait d’ailleurs répondre à « une désaffection de la jeunesse pour la voiture », avance-t-elle, à l’heure où le chef de l’Etat veut aussi investir sur la production de véhicules électriques sur le territoire national.

Une mesure qui se suffit à elle-même ?

Attention toutefois à ne pas lâcher les jeunes de 17 ans sur la route sans plus de contrôle, prévient Bruno Gazeau. « Il faut les rendre responsables », insiste-t-il, alors que les 18-24 ans sont impliqués dans 17 % des accidents de la route en France, quand ils ne représentent que 9 % de la population. Le président de la Fnaut imagine « leur proposer pendant un an ou 18 mois d’avoir moins de points que les autres conducteurs ».

« Si on veut donner accès à la mobilité aux jeunes, il y a des choses plus intéressantes comme le ticket climat (un tarif unique pour le train, ndlr), mais c’est plus coûteux », tranche Marie Chéron. Des annonces ciblant la jeunesse sur le train ou le vélo peuvent-elles être à l’ordre du jour le 21 juin ? Pour l’heure, il faut se contenter des 30.000 passes pour voyager en Allemagne cet été. Mais on peut se dire, comme Bruno Gazeau, que le plan de 100 milliards d’euros sur le ferroviaire investis d’ici 2040 bénéficiera à tous les usagers, y compris les jeunes.

Source: 20 Minutes