Immigration : chez Renaissance, la crainte d’être piégé par LR

June 15, 2023
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Le ministre délégué chargé du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, discute avec la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 6 juin 2023. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Pour le camp présidentiel, le projet de loi sur l’immigration s’apparente à une délicate équation. Comment trouver un accord, indispensable, avec Les Républicains (LR) qui campent sur une ligne dure, tout en conservant l’unité de sa majorité relative ? Traversée depuis 2017 par des courants parfois contradictoires sur la question migratoire entre son aile droite et son aile gauche, la coalition présidentielle à l’Assemblée nationale s’attelle avant tout à ne pas dévier de sa position médiane. « Nous voulons lutter contre l’immigration illégale, éloigner plus rapidement ceux qui n’ont pas à être sur notre territoire, et mieux intégrer ceux que nous accueillons », a répété la première ministre, Elisabeth Borne, dans un entretien au Figaro, jeudi 15 juin.

Présentée en conseil des ministres le 1er février, et adoptée dans une version durcie en commission des lois au Sénat le 15 mars, la première mouture du texte de l’exécutif prévoit la création d’un titre de séjour pour régulariser les travailleurs étrangers dans les « métiers en tension » tout en accélérant les reconduites à la frontière. Mais le parcours parlementaire de ce projet de loi a été percuté par la crise des retraites. Après un premier report en mars, faute d’une majorité certaine à l’Assemblée, la première ministre a finalement demandé le 9 mai à son ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de reprendre les consultations avec LR afin de présenter « en juillet » un projet de loi sur l’immigration.

Cette valse-hésitation a nourri un terreau propice pour LR, cherchant une porte de sortie à la déconfiture des retraites. Dimanche 21 mai, en une du Journal du dimanche, les trois chefs de file de la droite – Eric Ciotti, Olivier Marleix à l’Assemblée et Bruno Retailleau au Sénat – prennent de court le camp présidentiel en annonçant vouloir déposer deux propositions de loi. L’une ordinaire, l’autre constitutionnelle, pour mieux contourner les traités européens, les deux poursuivant le même objectif : durcir les conditions d’entrée sur le territoire français.

Afin d’accentuer la pression sur les macronistes, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, fait planer, depuis, la menace du dépôt d’une motion de censure « si le gouvernement tentait de faire passer par 49.3 un texte laxiste ». Pour la droite, la régularisation des travailleurs sans papiers, assimilée à un « appel d’air migratoire », constitue « une véritable ligne rouge ». « J’ai été clair : si on garde les propositions sur les métiers en tension, ce sera non. Il n’y aura pas d’accord », a réitéré le président LR du Sénat, Gérard Larcher, le 15 juin, dans un entretien à l’Agence France-Presse. Sur ce sujet, « les modalités se discutent », a avancé Mme Borne dans Le Figaro.

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Source: Le Monde