Climat : à Bonn, le déclin des énergies fossiles suspendu aux blocages financiers Nord-Sud

June 16, 2023
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La militante climatique suédoise Greta Thunberg (à droite), l’organisateur de la justice climatique du Kenya, Eric Njuguna (troisième en partant de la gauche) et d’autres participants s’adressent à une conférence de presse de jeunes militants, scientifiques et négociateurs qui appellent à une élimination équitable des combustibles fossiles, à Bonn, en Allemagne de l’Ouest, le 13 juin 2023. ANDRE PAIN / AFP

L’histoire des négociations climatiques a tendance à bégayer. Les pourparlers, qui se tenaient à Bonn (Allemagne) en présence des représentants de près de 200 pays, se sont achevés, jeudi 15 juin, sur une déception générale face à la lenteur des progrès réalisés au cours des deux dernières semaines. Cette session, qui a lieu chaque année dans la cité rhénane, est coutumière de ces atermoiements. Mais ils apparaissent toujours plus en décalage avec l’urgence climatique, alors que la planète est soumise à une série catastrophique de vagues de chaleur et de mégafeux.

Ces discussions techniques, qui visaient à préparer la conférence mondiale sur le climat (COP28) de décembre à Dubaï (Emirats arabes unis), ont été empoisonnées par de fortes tensions entre pays développés et pays en développement et une confrontation entre l’enjeu de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et celui des financements climatiques.

Cette bataille s’est cristallisée autour d’une querelle d’agenda, les pays ne parvenant à adopter l’ordre du jour officiel de la session qu’à la veille de sa clôture. L’Union européenne, soutenue par des pays d’Amérique latine et des petites îles, voulait voir y figurer un programme de travail sur la réduction des émissions. Mais le groupe de négociation appelé « LMDC », représentant une vingtaine de pays en développement ou émergents, dont la Chine, l’Inde et l’Arabie saoudite, s’y est opposé, exigeant que la question des financements soit également inscrite. Au terme d’une session plénière mouvementée, décrite comme « une salle de classe primaire » par le président de séance, les deux sujets ont été écartés et les travaux sur les émissions relégués à une note informelle.

« Déficit de confiance »

Loin de se cantonner à une question procédurale, ce bras de fer reflète « un déficit de confiance et de crédibilité entre pays développés et en développement, qui s’est répercuté sur l’ensemble des négociations », explique Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat. « Les progrès ont été décevants sur presque tous les fronts, avec un coupable principal : l’argent », ajoute David Waskow, directeur international pour le climat au centre de réflexion World Resources Institute.

Les pays du Sud sont de plus en plus frustrés par le fait que ceux du Nord n’ont toujours pas honoré leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, pour les aider à faire face au réchauffement climatique. Ces derniers assurent qu’ils y parviendront cette année, mais le doute persiste. Les deux camps s’opposent en outre sur qui doit payer, sur fond d’interprétations divergentes de l’accord de Paris.

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Source: Le Monde