Chat écrasé en gare Montparnasse : le parquet demande la relaxe de la SNCF

June 19, 2023
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Neko n’aura pas eu le droit à un procès au pénal, comme demandé avec force par les cinq avocats des parties civiles. C’est donc devant le tribunal de police de Paris qu’était longuement débattu, ce lundi après-midi le triste destin de ce chat de 4 ans, écrasé le 2 janvier dernier par un TGV à la gare Montparnasse (XVe). Et qui avait agité la France, des réseaux sociaux jusqu’au sommet de l’État.

La justice a tranché : la SNCF a comparu pour simple « atteinte involontaire à la vie ou à l’intégrité d’un animal domestique » et non pour « sévices graves et actes de cruauté ayant entraîné la mort d’un animal domestique », qui aurait mené la société ferroviaire devant le tribunal correctionnel, ainsi que le souhaitaient les conseils des propriétaires de Neko et d’une demi-douzaine d’associations de défense des animaux, parmi lesquelles 30 Millions d’amis, Stéphane Lamart ou Chihuahua en détresse. Reconnaissant qu’ « on aurait attendu de la SNCF un surplus d’humanité », le substitut du procureur a, quant à lui, demandé la relaxe, évoquant « une part de fatalité ».

La caisse de transport ouverte par sa propriétaire ?

Le 2 janvier dernier, Georgia et sa fille Mélaïna, 15 ans, attendent avec Neko leur train pour Bordeaux, lorsque le chat parvient à se glisser hors de sa caisse de transport. Sa jeune propriétaire l’a-t-elle ouverte pour caresser l’animal, comme le prétend la SNCF ? Les deux femmes, absentes lors de l’audience l’ont toujours formellement démenti.

Une chose reste certaine, Neko a sauté sur les voies avant de se faire couper en deux quelques minutes plus tard par le Paris-Bordeaux, sous les yeux effarés de Georgia et Melaïna, restées sur le quai.

Neko, quatre ans, est mort écrasé par un train sous les yeux de ses propriétaires impuissantes. DR

Toutes deux l’affirment sans relâche depuis le drame : elles ont immédiatement donné l’alerte, prévenu le personnel de la gare que Neko se trouvait sur les rails et désespérément demandé de l’aide. Le TGV a néanmoins démarré, avec les conséquences que l’on connaît.

« La SNCF a pris la décision de faire démarrer le train »

Pour Me Xavier Bacquet, l’avocat des plaignantes et de 30 Millions d’amis, il s’agit bel et bien d’un acte volontaire. « La SNCF était au courant de la situation et a pris la décision de faire démarrer le train en connaissance de cause. On arrête un convoi pour un bagage abandonné, le trafic peut-être interrompu des heures durant pour de gros animaux égarés sur les voies, mais rien n’est fait pour éviter de tuer un chat ! ».

À la société ferroviaire qui plaide que « tout a été fait pour chercher l’animal, invisible depuis les quais », Me Bacquet rétorque : « Si tel avait été le cas, pourquoi donc votre ministre de tutelle, Clément Beaune, déclarait encore ce matin même l’inverse sur une grande station de radio ? Quant à l’indifférence avec laquelle mes clientes ont été traitées, laissées sans la moindre explication ni réponse à leurs courriers, c’est inadmissible. »

D’un revers de main, l’avocat de la SNCF, Me Philippe Sarda, dénonce « une instrumentalisation » de l’affaire par les associations de protection des animaux. « Rien ne permet d’affirmer que le chat a été vu avant le départ du train », fait valoir le conseil.

Décision attendue le 4 juillet

« J’aime les animaux et je comprends tout à fait le désarroi des propriétaires de Neko, je les ai immédiatement aidées à le retrouver, embraye pour sa part le chef d’escale qui officiait ce jour-là, cité comme témoin par le parquet. Il était invisible. Et lorsqu’il est finalement apparu, sa maîtresse l’a appelé, il s’est arrêté quelques secondes et il s’est mis à courir sous le train qui venait de démarrer. »

« Pourquoi n’avez-vous pas prévenu le conducteur ? » Interroge le président. « Il était trop tard. Et même si le TGV avait stoppé net, le drame n’aurait vraisemblablement pas pu être évité. »

Source: Le Parisien