La France se résout à soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN

June 20, 2023
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Le président polonais, Andrzej Duda, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors d’une conférence de presse, à l’Elysée, le 12 juin 2023. SARAH MEYSSONNIER / AP

Défendre la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique (OTAN) pour peser sur le conflit et tenter d’amener Moscou et Kiev à la table des négociations. Telle est l’approche désormais privilégiée par la France dans les délicates discussions engagées entre les alliés de l’Ukraine en prélude au sommet annuel de l’OTAN, prévu à Vilnius, la capitale de la Lituanie, les 11 et 12 juillet.

D’après nos informations, un récent conseil de défense, réuni lundi 12 juin à l’Elysée, a examiné l’hypothèse d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine, une option désormais considérée à Paris comme une garantie de sécurité à part entière, car susceptible de décourager la Russie de poursuivre la guerre ou, si le conflit devait s’arrêter, d’empêcher toute nouvelle agression. Faire miroiter cette perspective pourrait, au passage, convaincre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’entrer en négociation, quand il en jugera le moment venu, en fonction des résultats de la contre-offensive.

Pour tactique qu’elle soit, cette ouverture constitue une vraie conversion pour la France. En agissant ainsi, Paris se rapproche des positions défendues par les pays d’Europe centrale, dont la plupart, au premier rang desquels la Pologne et les Etats baltes, plaident sans relâche pour l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. « La position française est désormais plus proche de celle de la Pologne que de celle de l’Allemagne », confirme un diplomate étranger.

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En 2008, au sommet de Bucarest, le président français Nicolas Sarkozy avait bloqué, avec la chancelière allemande Angela Merkel, toute perspective d’adhésion rapide de l’Ukraine à l’OTAN, contre l’avis des Etats-Unis, qui plaidaient à l’époque pour son intégration. Une façon, dans l’esprit des deux dirigeants européens, de ménager la Russie.

Offrir des « garanties de sécurité »

Emmanuel Macron s’est longtemps tenu à cette ligne, avant comme après le début de l’invasion russe, en février 2022 : « L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN serait perçue par la Russie comme quelque chose de confrontationnel. Ce n’est pas avec cette Russie-là que vous pouvez l’imaginer », avait indiqué le chef de l’Etat au Monde en décembre 2022.

Pour la France, il n’est évidemment pas question de laisser l’Ukraine rejoindre l’OTAN en pleine guerre, une perspective que les Etats-Unis et l’Allemagne redoutent par-dessus tout car elle pourrait entraîner l’activation de la clause d’assistance mutuelle (Article 5) de l’organisation et précipiter les Occidentaux dans le conflit. « Pour un militaire, faire adhérer un pays en guerre à l’OTAN, c’est comme entrer en guerre », confirme une source militaire française. D’ailleurs, le président américain, Joe Biden, a encore répété ce week-end que la candidature ukrainienne ne pouvait bénéficier d’aucun traitement de faveur.

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Source: Le Monde