Agression violente à Bordeaux : la diffusion des images fait polémique
Fallait-il diffuser ces images d’une insoutenable violence sur les réseaux sociaux ? L’ancien maire de Bordeaux, Nicolas Florian, assure qu’il s’est posé la question. « J’avais bien conscience que ces images étaient choquantes. J’ai malgré tout décidé de les diffuser, en floutant les visages des victimes, pour qu’on cesse de fermer les yeux sur les agressions très violentes qui se multiplient à Bordeaux comme ailleurs », explique ce responsable LR, une des principales figures d’opposition à la mairie écologiste de Bordeaux.
Lundi 19 juin, dans la soirée, Nicolas Florian a publié sur Twitter des images montrant l’agression d’une dame de 73 ans et de sa petite-fille âgée de 7 ans, violemment jetées au sol sur le pas de leur porte par un individu, rapidement interpellé par la police. L’ancien maire de Bordeaux n’est pas le premier à avoir diffusé ces images, prises par un visiophone. Sept minutes plus tôt, le site Infos Bordeaux les avait mises en ligne sans aucun floutage.
« Son casier judiciaire porte trace de 15 condamnations »
Le parquet de Bordeaux indique que l’agresseur présumé, âgé de 29 ans, a été placé en garde à vue. « Le mis en cause est connu des services de police et de la justice. Son casier judiciaire porte trace de 15 condamnations, principalement en lien avec du contentieux routier et des infractions à la législation sur les stupéfiants », souligne un communiqué de la procureure. « Placé sous tutelle, le mis en cause indique être suivi au plan psychiatrique et être en rupture de traitement. Présentant des troubles du comportement majeurs en lien avec une pathologie schizophrène et psychotique, il n’a pu être auditionné », précise le parquet.
Cette agression a suscité de nombreuses réactions d’indignation et de condamnation dans la classe politique. Mais aussi des proches des deux victimes qui, sans leur consentement, se retrouvent exposés dans une situation d’extrême vulnérabilité avec ces images devenues virales. « La famille des victimes est indignée par la récupération politique qui est faite de ce fait divers ainsi que l’utilisation médiatique des images sans son accord explicite et sans le moindre respect pour l’identité des victimes ou leur vie privée », précise un communiqué de leur avocate.
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« Il est parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou justifier des réformes pénales ou migratoires. La justice doit se rendre sereinement en son temps dans les tribunaux et non pas sur les plateaux de télé ou les réseaux sociaux », ajoute ce communiqué qui, selon l’avocate, sera la seule expression publique des victimes.
Une diffusion d’images judiciairement répréhensible
La diffusion de ces images « même floutées » est d’autant plus grave qu’une des victimes est mineure, estime Me Alexandre Archambault, avocat spécialisé dans le numérique. « Il serait possible de poursuivre au pénal et au civil pour atteinte à la vie privée les personnes ayant diffusé ces images mais aussi, potentiellement, toutes celles les ayant relayées sur les réseaux sociaux », explique-t-il. « La diffusion de ces images ne peut qu’aggraver le traumatisme des victimes qui n’ont certainement pas envie de voir et revoir à l’infini la vidéo de leur agression », ajoute Me Archambault.
Quant à Nicolas Florian, il a décidé d’effacer les images après un communiqué de la police appelant à ne pas les faire circuler. « Dans un souci d’apaisement. Mais je ne regrette pas de les avoir mises en ligne », indique-t-il en précisant « avoir été informé par un voisin » de la famille agressée de « l’existence de ces images ».
Source: La Croix