les recherches pour retrouver le sous-marin disparu en explorant l’épave n’ont encore " donné aucun résultat "
Les gardes-côtes américains et canadiens poursuivaient, mardi 20 juin, les opérations de recherche du Titan, un petit sous-marin touristique porté disparu dans l’océan Atlantique, au large de l’Amérique du Nord, alors qu’il était engagé dans une expédition sur la zone du naufrage du Titanic avec cinq personnes à son bord, dont l’océanaute français Paul-Henri Nargeolet, spécialiste de l’épave.
Pour l’instant, les recherches pour le retrouver n’ont « donné aucun résultat », ont annoncé les gardes-côtes américains en début de soirée, ajoutant qu’il reste « environ 40 heures » d’oxygène dans le submersible disparu.
L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a dérouté son navire Atalante, équipé d’un robot sous-marin pour grande profondeur, vers le site de l’Atlantique Nord où a disparu le sous-marin, a annoncé mardi le secrétaire d’Etat chargé de la mer. L’Atalante, en mission, devrait arriver sur la zone mercredi vers 20 heures (heure de Terre-Neuve), avant que des opérateurs dépêchés depuis Toulon fassent plonger le robot vers l’épave, qui se trouve à près de quatre mille mètres de profondeur. Le sous-marin disparu, Titan, avait entamé sa plongée dimanche avec un équipage de cinq membres et une autonomie de quatre-vingt-seize heures.
Lire le portrait que nous lui avions consacré en 2022 Article réservé à nos abonnés L’océanaute Paul-Henri Nargeolet, « Monsieur Titanic » Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections
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Mission de recherche et de sauvetage lancée
Les autorités ont été averties dimanche par l’opérateur de l’engin, OceanGate Expeditions, société privée exploitant le submersible, que celui-ci avait disparu au large du Canada, au cours d’un voyage organisé pour approcher l’épave du Titanic. OceanGate Expeditions, a annoncé, lundi, dans un communiqué qu’elle « explore et mobilise toutes les options » pour ramener l’équipage en toute sécurité.
Le contre-amiral John Mauger, responsable des gardes-côtes des Etats-Unis, a expliqué, lundi, au cours d’une conférence de presse, que trois avions américains et deux canadiens étaient actuellement mobilisés pour retrouver le sous-marin. Les recherches du submersible, qui jusqu’ici se focalisaient sur la surface de l’océan, ont désormais aussi lieu sous l’eau, a-t-il annoncé mardi dans l’émission « Good Morning America » d’ABC News.
Un avion canadien P-3 a également largué des bouées acoustiques dans la zone où le Titanic s’est abîmé pour tenter d’enregistrer d’éventuels sons produits par le Titan, qui mesure environ 6,50 mètres. Des bateaux et des avions à la recherche de ce submersible ont désormais inspecté 13 000 kilomètres carrés, a ajouté le contre-amiral Mauger.
La zone de recherche est située à plus de 1 450 kilomètres de la côte de l’Etat du Massachusetts – et à une profondeur de près de quatre kilomètres. Les recherches aériennes, infructueuses durant toute la journée, ont été suspendues pour la nuit, ont tweeté les gardes-côtes américains lundi vers 21 heures (3 heures en France).
Le submersible « Titan », d’OceanGate Expeditions, en juin 2021. OCEANGATE EXPEDITIONS / AP
Un porte-parole des gardes-côtes américains a confirmé, lundi soir, que cinq personnes se trouvaient à l’intérieur du sous-marin porté disparu. « L’équipage du Polar-Prince [un bateau de l’entreprise] a perdu le contact avec eux environ une heure et quarante-cinq minutes après le début de la plongée », a-t-il détaillé.
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Le temps est désormais un facteur critique pour retrouver les passagers du sous-marin. « C’est une région lointaine, et il est compliqué de mener des recherches dans une telle zone », a ajouté John Mauger, estimant que le submersible disposait encore de réserves d’oxygène pour soixante-dix heures ou plus. Frank Owen, un ancien officier sous-marinier a expliqué à la BBC que le défi pour les personnes à bord est de garder leur sang-froid et de ne pas consommer trop d’oxygène.
Une exploration à 250 000 dollars la place
"We run the sub with this game controller"
In 2022, the BBC filmed inside the Titan submersible that has now gone missing in the Atlantic ⬇️ — BBC News (World) (@BBCWorld) June 20, 2023
OceanGate Expeditions, qui confirmait récemment sur ses réseaux sociaux qu’une de ses expéditions était « en cours », facture à ses clients 250 000 dollars (230 000 euros) pour une place à bord de son sous-marin et pour huit jours afin de voir la célèbre épave. Le submersible peut accueillir cinq personnes, selon la société, dont un pilote, trois passagers payants et un « expert ».
Sur la page de son site expliquant les modalités de ses activités, OceanGate Expeditions confirmait qu’une mission visitant le Titanic se déroulait du 12 au 20 juin. Le seul appareil de l’entreprise capable d’aller à la profondeur du paquebot est le Titan, « un submersible conçu pour emmener cinq personnes à des profondeurs de 4 000 mètres », avec une autonomie de quatre-vingt-seize heures pour un équipage de cinq personnes.
L’entreprise a recours au Polar-Prince, un brise-glace auparavant exploité par les gardes-côtes canadiens, pour transporter des dizaines de personnes et l’engin submersible vers le site de l’épave.
Qui est à bord ?
Les autorités n’ont pas voulu confirmer l’identité des personnes à bord. Le contre-amiral Mauger n’a pas voulu non plus donner d’informations « par respect pour les familles », se contentant de dire que selon l’opérateur, il s’agissait d’un pilote et de quatre autres personnes.
Parmi les passagers se trouve le riche homme d’affaires, aviateur et touriste spatial britannique Hamish Harding, 58 ans, PDG d’Action Aviation, a confirmé, mardi dans un communiqué, l’entreprise de vente de jets privés basée à Dubaï. « L’équipage du sous-marin est composé de quelques explorateurs légendaires, dont certains ont effectué plus de trente plongées sur le Titanic depuis les années 1980 », a écrit M. Hamish sur son compte Instagram samedi en annonçant sa participation au voyage.
Il ajoutait que le spécialiste français du Titanic, l’océanaute Paul-Henri Nargeolet, faisait également partie de l’expédition, ce qu’a confirmé sa famille sur BFM-TV. Originaire de Haute-Savoie et aujourd’hui âgé de 77 ans, cet explorateur des fonds marins a effectué la première partie de sa carrière comme officier de marine. Commandant du groupe de plongeurs-démineurs de Cherbourg (Manche, nord-ouest de la France), il devient ensuite pilote de sous-marins au Groupe d’intervention sous la mer, dépendant de la Marine nationale française. De là il passe à l’archéologie maritime, avec la fouille de plusieurs épaves, au sein de l’association du Groupe de recherche d’archéologie navale. En 1986, il devient responsable des sous-marins d’intervention profonde de l’Ifremer. Depuis 2007, il est directeur du programme de recherche de la société RMS Titanic/Phoenix International, qui possède l’épave. L’ancien plongeur-démineur a travaillé sur des dizaines d’opérations de récupération d’épaves, dont celles de l’AF447, le vol d’Air France Rio-Paris tombé au large du Brésil en 2009.
Selon la BBC, qui cite un communiqué de sa famille, l’homme d’affaires pakistanais Shahzada Dawood, vice-président du conglomérat Engro et administrateur de l’Institut SETI, et son fils Suleman sont aussi à bord.
Problème d’électricité, de communication ou de coque
Sans avoir étudié l’engin lui-même, Alistair Greig, professeur d’ingénierie marine au University College London, a évoqué deux théories possibles sur la base des images de l’appareil publiées par la presse. Il estime que s’il a eu un problème d’électricité ou de communication, il pourrait être remonté à la surface, flottant « en attendant d’être retrouvé ». « Un autre scénario est que la coque a été compromise », et qu’il y ait eu une fuite. « Alors le pronostic n’est pas bon », a-t-il ajouté. Et « très peu de vaisseaux peuvent aller » à la profondeur à laquelle il pourrait avoir coulé, selon lui.
SkyNew explique pour sa part qu’en temps normal, le sous-marin émet un signal toutes les quinze minutes pour signaler qu’il est en sécurité. Mais la chaîne britannique croit savoir que ces signaux ont cessé.
Le journaliste de CBS, David Pogue, qui a voyagé à bord du submersible l’année dernière, a précisé à la BBC que les passagers étaient enfermés à l’intérieur de la capsule principale, verrouillée par des boulons et ne pouvaient en sortir seuls. Sur Twitter, il a rappelé que l’engin « s’est perdu pendant quelques heures l’été dernier, lorsque j’étais à bord ».
You may remember that the @OceanGateExped sub to the #Titanic got lost for a few hours LAST summer, too, when I was aboard…Here’s the relevant part of that story. https://t.co/7FhcMs0oeH pic.twitter.com/ClaNg5nzj8 — David Pogue (@Pogue) June 19, 2023
Troisième expédition vers le « Titanic »
L’épave du Titanic se trouve à 3 810 mètres (12 500 pieds) au fond de l’Atlantique, à près de 600 kilomètres des côtes de Terre-Neuve, au Canada. En 1912, le paquebot avait heurté un iceberg lors de son voyage inaugural de Southampton à New York. Sur les 2 200 passagers et membres d’équipage à bord, plus de 1 500 ont péri.
Cette expédition d’OceanGate était la troisième organisée sur le site du transatlantique naufragé pour documenter sa détérioration et sa vie sous-marine. Le voyage devait partir au début de mai de St John’s, à Terre-Neuve-et Labrador, et se terminer à la fin de juin, selon un document judiciaire déposé par la société en avril auprès du tribunal de district américain de Virginie qui préside les affaires du Titanic.
Le Monde avec AP et AFP
Source: Le Monde