Divergences occidentales sur une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN

April 29, 2023
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Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une visite à Kiev, le 20 avril 2023. UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Le problème des promesses, même vagues, est qu’elles engagent votre crédibilité. Un spectre traverse les capitales occidentales : le point 23 du communiqué publié au terme d’un sommet de l’OTAN à Bucarest, en avril 2008. Après de longues négociations entre alliés, un engagement de principe avait été consenti, mais sans calendrier contraignant : « L’OTAN se félicite des aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine et de la Géorgie (…). Aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays deviendraient membres de l’OTAN. » Quatre mois plus tard, l’armée russe intervenait en Géorgie, qui perdait 20 % de son territoire.

Quinze ans ont passé. La guerre en Ukraine déclenchée par le Kremlin en février 2022 a redonné à l’Alliance le sens de sa mission. Mais, alors que Kiev envisage une prochaine contre-offensive, les diplomates occidentaux sont confrontés à un choix stratégique. Il sera dans tous les esprits lors du prochain sommet de l’OTAN, à Vilnius (Lituanie), en juillet. Après la Finlande, devenue récemment le 31e membre de l’Alliance, et en attendant la Suède, que la Turquie bloque encore dans l’antichambre, quelle place réserver à l’Ukraine ? Celle d’éternelle zone tampon, comme avant la guerre ? Faut-il imaginer un renoncement tacite de Kiev à la Crimée et à une partie du Donbass, en échange d’un arrimage ferme à l’Occident ? Mais sous quelle forme ?

Candidate officielle à l’Union européenne (UE) depuis juin 2022, l’Ukraine est encore loin de ce cercle désiré. Les estimations pour sa reconstruction dépassent les 410 milliards de dollars (371, 42 milliards d’euros). Pour l’heure, Varsovie et les pays baltes militent pour une adhésion de leur voisin à l’OTAN. Les Etats-Unis s’y montrent les plus hostiles, suivis de près par l’Allemagne. L’Elysée, de son côté, adopte une approche ouverte. Emmanuel Macron cherche une équation permettant de rapprocher les positions. Deux Europe divergent, par leur histoire et par leur lecture géopolitique du moment. « Seule l’Alliance transatlantique est la réponse au spectre de l’impérialisme, du colonialisme et du nationalisme », résumait à Washington le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, le 11 avril. La ferveur atlantiste de la Pologne dépasse souvent ses propres engagements européens.

« Nous voulons obtenir l’approbation de garanties de sécurité très spécifiques à Vilnius », a dit Volodymyr Zelensky le 20 avril, en recevant à Kiev le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Kiev a demandé un traitement accéléré de sa candidature. Les officiels ukrainiens affirment que leur pays est déjà un « membre de facto ». Pourtant, dans les semaines qui ont suivi le déclenchement du conflit, Kiev avait une position moins tranchée. En mars 2022, un mois après le début de la guerre, M. Zelensky se disait prêt à envisager un compromis avec la Russie, en cas de retrait de ses troupes, et à condition de le soumettre à son peuple par référendum. Des discussions eurent lieu à Istanbul (Turquie) avec une délégation envoyée par le Kremlin. L’effort n’a débouché sur rien, alors que les forces russes multipliaient les crimes de guerre. Aujourd’hui, les termes de ce débat ressurgissent, en même temps que les interrogations sur les capacités des alliés à poursuivre les livraisons d’armes et de munitions avec une même intensité.

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Source: Le Monde