De Mai 68 aux " gilets jaunes " " Le Prix à payer. Les Présidents face à la rue ", sur Public Sénat : les grands mouvements sociaux de la Ve République

April 29, 2023
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Un « gilet jaune » lance un projectile sur la police à proximité de l’Arc de triomphe, à Paris, le 16 mars 2019. KIRAN RIDLEY/GETTY IMAGES/PUBLIC SÉNAT

PUBLIC SÉNAT − SAMEDI 29 AVRIL À 21 HEURES − DOCUMENTAIRE

Comment être au sommet de l’Etat tout en restant proche du peuple ? A cette interrogation basique, deux vieux briscards de la politique, Michèle Cotta, 85 ans, et Patrice Duhamel, 77 ans, répondent par une trilogie documentaire, dont le premier épisode, consacré aux Présidents face à la rue depuis Mai 68, résonne particulièrement avec l’actualité – avant Les Présidents et la société et Les Présidents face au terrorisme.

L’intérêt n’est pas ici dans la qualité des archives, plus emblématiques que rares, mais dans les très nombreux témoignages d’anciens présidents et ministres de la Verépublique. A commencer par Nicolas Sarkozy, très en verve. Les manifestations ? « C’est un peu comme le dentifrice : quand il sort du tube, vous ne le faites pas rentrer. » Mai 68 ? « C’était l’époque où les jeunes bourgeois achetaient des portraits de Mao qu’ils punaisaient dans leur chambre. »

Edouard Balladur souligne avec malignité que, au début du mois de mai 1968, le premier ministre, Georges Pompidou, et le président de la République, Charles de Gaulle, étaient absents : le premier était en Afghanistan ; le second, en Roumanie. François Bayrou récite par cœur le début du discours radiophonique du président à son retour de Baden-Baden, le 30 mai 1968 : « Etant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine… » Moins de quatre minutes trente, dissolution de l’Assemblée nationale, fin du mouvement. Devant la caméra, tous s’accordent à dire qu’ils en ont tiré une leçon, voire une vocation.

« Austerlitz en septembre »

A partir de 1995, les retraites vont être un sujet majeur de discorde. Cette année-là, Alain Juppé annonce, dans un discours tenu le 15 novembre, la réforme de la Sécurité sociale, la suppression des régimes spéciaux et l’allongement des cotisations de 37 ans et demi à 40 ans. « C’était trop ! (…) C’était Austerlitz en septembre, ce fut Waterloo en décembre », commente Nicolas Sarkozy. Il sera en première ligne, en octobre 2010, lorsque le report légal de l’âge de la retraite bloquera le pays neuf jours, pour passer de 60 ans à 62 ans – sans 49.3.

Parmi les autres grandes mobilisations évoquées, celle des partisans de l’« école libre » contre la réforme Savary, qui met 1 million de manifestants dans les rues de Paris le 24 juin 1984. « L’affaire était très mal embarquée », sourit Laurent Fabius, qui succédera à Pierre Mauroy à Matignon, après l’annonce du retrait de la loi par François Mitterrand, le 14 juillet 1984.

Le plus récent mouvement des « gilets jaunes » apparaît, en revanche, différent en tout point : pas de revendication, pas d’incarnation, pas de réelle politisation. « J’ai vu trois individus qui ont mis le feu à une agence bancaire, se souvient Jean-Pierre Raffarin. Mais ce que je n’avais jamais vu, ce sont 300 personnes qui applaudissent quand les premières flammes sortent des fenêtres. »

Présidents, le prix à payer – Face à la rue, écrit par Michèle Cotta et Patrice Duhamel, réalisé par Pauline Pallier (Fr., 2023, 52 min). Suivi d’un débat présenté par Rebecca Fitoussi.

Source: Le Monde