La note de la France dégradée ? " Un carton rouge adressé au gouvernement ", cingle Éric Coquerel
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
POLITIQUE - Ce n’est sans doute pas le bulletin de notes que le gouvernement espérait. L’agence Fitch a décidé d’abaisser la note financière de la France ce vendredi 28 avril, invoquant une « impasse politique » et les fortes tensions sociales à l’œuvre autour de la réforme des retraites. L’Hexagone est passé de l’appréciation « AA » à « AA-».
Un coup dur pour l’exécutif, poussé à réagir (et à rassurer) par la voix de Bruno Le Maire, mais qui n’aura pas grande conséquence pour l’économie et la vie des Français, à en croire Eric Coquerel. Le président (insoumis) de la commission des Finances à l’Assemblée nationale évoque un « carton rouge » pour le camp présidentiel et s’inquiète bien davantage, auprès du HuffPost, des réponses qui vont suivre.
Selon lui, la décision de l’agence de notation va effectivement donner à Emmanuel Macron et ses ministres, « une justification pour mener des politiques d’austérité encore plus importantes » : « Une stratégie qui nous mène dans l’impasse. »
L’agence de notation Fitch a décidé de dégrader la note financière de la France en la passant de « AA » à « AA-. » Comment l’analysez-vous ?
Depuis la crise financière, les trois agences principales ont successivement dégradé la note de la France, en fonction d’une dette jugée excessive et d’autres critères néolibéraux liés au marché. Ça n’a pas empêché le pays de vivre, de fonctionner. On voit d’ailleurs que ces mouvements sont souvent décorrélés de la croissance économique, des chiffres de l’emploi… Cela montre le côté relatif de cette notation.
Quelles seront les conséquences de cette note à la baisse pour la France et les Français ?
Aucune. Les notes restent élevées, et ces agences sont simplement des arbitres qui indiquent un taux de confiance dans l’économie et les finances, vis-à-vis des marchés. Depuis 2012, les notes sont toutes en baisse tendancielle et ce n’est pas ça qui influe sur la politique française.
En revanche, il est intéressant de noter que l’agence Fitch cite cette fois-ci « l’impasse politique » et les « mouvements sociaux » qui parcourent le pays pour justifier sa décision. On est sur un paradoxe : les marchés ont plus peur de la gestion de la réforme des retraites par Emmanuel Macron que de l’éventuel déficit de notre système. C’est donc un carton rouge adressé au gouvernement.
En réponse, Bruno Le Maire s’est engagé à continuer les « réformes structurantes ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
La décision [de l’agence de notation Fitch] devrait être matière à réflexion supplémentaire pour le gouvernement sur sa volonté d’appliquer à tout prix la réforme des retraites. On sait qu’ils fondent leur politique vis-à-vis des marchés, cela devrait les faire réfléchir de voir qu’ils sont préoccupés.
Cela n’a pas l’air d’être le chemin choisi…
Au contraire, la réaction de Bruno Le Maire, c’est : « Ne vous inquiétez pas, on va faire pire encore. » Ce qui est annoncé par le gouvernement pour répondre aux critères de ces agences de notation, c’est cinq ans d’austérité avec une baisse de la dépense publique historique. Cette notation va leur donner une justification pour mener des politiques d’austérité encore plus importantes et pour continuer à favoriser les revenus du capital. C’est inquiétant.
Quant aux « réformes structurelles », on sait de quoi il s’agit : des projets qui attaquent le monde du travail. Ce sont évidemment des politiques qui peuvent avoir un effet récessif sur l’économie française, dans une situation internationale qui n’est pas très bonne, le tout pour essayer d’amadouer les marchés. C’est une stratégie qui nous mène dans l’impasse et qui va inévitablement entraîner des mouvements sociaux, à l’heure où on voit que ce critère inquiète les agences de notation. Le gouvernement a donc tout faux.
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Source: Le HuffPost